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La fausse bannière et le « Russiagate », suite des entretiens avec Jacques Baud

-Dans notre précédent entretien, Jacques Baud, vous nous avez rappelé d’où la « fausse bannière »  tire son origine. Vous avez également cité des exemples fort éloquents d’opérations menées sous fausse bannière.  Qu’en et-il, selon vous, des cyberattaques dont il paraît si délicat de savoir d’où elles proviennent et ce qu’elles visent?

Jacques BAUD: -La forme moderne de la « fausse bannière » est l’exploitation des cyberattaques, dont l’attribution ne peut jamais être affirmée avec certitude. Ces dernières années, de telles attaques ont été attribuées à la Russie, à la Chine ou à l’Iran sans que l’on n’ait pu définir précisément la raison de les mener. En fait, c’est devenu un prétexte pratique pour les pays occidentaux, de pointer du doigt leurs ennemis et prendre des mesures contre eux. 

L’archétype de ce type de problème apparait en 2007 : après que les autorités estoniennes ont entrepris de déplacer un monument dédié aux combattants soviétiques contre l’Allemagne nazie, le pays est complètement paralysé par une attaque informatique sans précédent. Les Occidentaux accusent immédiatement le gouvernement russe, affirmant que même s’il n’est pas impliqué directement, l’action n’aurait pas pu avoir lieu sans son approbation ! C’est de la désinformation.

En réalité, la responsabilité du gouvernement russe est très loin d’être démontrée : sur les 3 700 adresses IP qui ont déclenché l’attaque, 2 900 étaient russes, 200 ukrainiennes, 130 lettones et 95 allemandes. Un expert de la firme de sécurité informatique finlandaise F-Secure affirme :

En pratique, il n’y a qu’une seule adresse IP qui mène à un ordinateur gouvernemental. Il est bien sûr possible qu’une attaque ait également été lancée à partir de là, mais la personne impliquée peut être n’importe qui, du concierge d’un ministère à plus haut.

Donc, on accuse sans savoir : strictement rien ne démontre une implication des autorités russes et tout indique qu’il s’agit d’une action de la société civile, révoltée par la politique estonienne vis-à-vis de la minorité russophone. D’ailleurs, en janvier 2008, c’est un jeune Estonien russophone qui est arrêté et condamné pour cette attaque… Mais on continuera à accuser la Russie…

-Tout comme on l’a accusée d’ingérence dans l’élection américaine en 2016, pour ne citer que ce cas…

Jacques BAUD: -En 2016, l’ingérence de la Russie dans l’élection américaine est invoquée… En fait, c’est une histoire très technique, qui combine l’élection de Trump, les « magouilles » du parti Démocrate pour éliminer Bernie Sanders de la primaire du parti, et la fuite de courriels classifiés qu’Hillary Clinton avait envoyé sur un serveur privé afin d’échapper au contrôle parlementaire. Chacun de ces sujets mérite un développement séparé et je renvoie les lecteurs à mon livre « Gouverner par les Fake News » qui explique tous les tenants et aboutissant de l’histoire. 

Le fond de l’affaire était de délégitimer la victoire de Donald Trump, que personne n’avait anticipée. En fait, comme à leur habitude, nos médias avaient analysé la campagne en fonction de leurs professions de foi et non des faits : la préférence du peuple américain était inconcevable… à moins d’avoir été soutenue par l’étranger ! Avec le recul et en dépit du désastre de la crise de la CoViD, l’écart très étroit entre Trump et Biden en 2020 montre que le soutien populaire pour Trump était bien là en 2016 et qu’il n’avait pas besoin d’aide extérieure. D’ailleurs, les comptes de la campagne de 2016 et de 2020 montrent que les Démocrates qui ont dû déployer plus de ressources pour convaincre leur électorat. Mais les complotistes ont la dent dure…

-A qui attribue-t-on précisément cette « ingérence russe »?

Jacques BAUD: -On attribue l’ « ingérence russe » à l’Internet Research Agency (IRA), qui serait une « ferme à trolls » associée au Kremlin. Les Occidentaux pointent du doigt les entités « APT 28 (FANCY BEAR) » et « APT 29 (COZY BEAR ou GRIZZLY STEPPE) », que l’on prétend affiliées respectivement au GRU (renseignement militaire russe) et au FSB (service de sécurité russe). Ces désignations sont en fait totalement arbitraires et se basent simplement sur la signature des méthodes  de hacking utilisées. Quant à leur affiliation aux services russes, elle est aussi totalement fantaisiste, d’ailleurs aujourd’hui, constatant que ces affiliations n’avaient aucun sens, on les attribue au SVR (renseignements extérieurs russes). Ce qui démontre qu’il ne s’agit pas de constatations, mais d’hypothèses basées sur des professions de foi.   

Quant à l’ingérence elle-même, pour résumer, selon Facebook, des « Russes » auraient dépensé 100 000 dollars pour environ 3 517 publicités entre juin 2015 et mai 2017. Selon l’université d’Oxford, ce montant s’élèverait à 73 711 dollars ; dont seulement 46 000 dollars avant l’élection. Google a trouvé que des « agents » ont acheté des publicités pour 4 700 dollars en « utilisant des comptes soupçonnés d’être liés au gouvernement russe » ; ainsi que pour 53 000 dollars d’annonces à vocation politique dont les paiements ramènent à la Russie, mais dont « on ne sait pas s’ils étaient liés au gouvernement russe », y compris 7 000 dollars pour promouvoir un documentaire contre Donald J. Trump, et 36 000 dollars pour demander si le président Barack Obama devait démissionner, ainsi que des annonces qui promouvaient le message d’Obama.

Un rapport commandité par la Commission sénatoriale du Renseignement (SSCI) constate que seuls 11 % des « posts » attribués aux « Russes » avaient un contenu politique, dont 33 % seulement ont déclenché une action associée (« engagements »). Les « posts » qui nomment Clinton ou Trump ne représentent que 6 % des tweets, 18 % des posts sur Instagram et 7 % des posts sur Facebook. Ainsi, non seulement la majeure partie des publicités n’avaient pas de caractère politique, mais seulement 277 ont touché les États-clés, déterminants pour la victoire de Trump.

Selon Facebook, environ 10 millions de personnes auraient vu au moins une des publicités payées par des Russes, dont 44 % avant les élections, et 56 % après, tandis qu’environ 25 % étaient destinées à des profils particuliers et n’ont jamais été vues par personne.

Le 6 janvier 2017, un rapport est publié par l’Office du Directeur du Renseignement National (ODNI) sur les tentatives d’ingérence supposées de la Russie, qui suit l’audition des représentants de certaines agences. Le journal Libération affirme :

Auditionnées ce jeudi au Sénat, les 17 agences d’espionnage estiment que « seuls les plus hauts responsables russes ont pu autoriser les vols et publications de données liées à l’élection ».

Laissant ainsi croire que l’ensemble des services de renseignement approuvent les conclusions du rapport. BFMTV va plus loin en affirmant que « l’implication de Poutine est confirmée », changée plus tard en « l’implication des Russes dans l’élection confirmée ». En réalité ces médias mentent. En juin 2017, le New York Times accuse Trump de…

refuser encore de reconnaître un fait essentiel sur lequel se sont accordées 17 agences de renseignement américaines et qu’il supervise désormais : la Russie a orchestré les attaques et l’a fait pour l’aider à se faire élire.

Mais quatre jours plus tard, la rédaction corrige l’article en précisant que seules quatre agences ont soutenu l’accusation contre la Russie : l’ODNI, la CIA, le FBI et la NSA. Or, même parmi celles-ci il n’y a pas unanimité : si la CIA et le FBI ont une « haute confiance » dans l’implication de la Russie, la NSA (la seule agence capable de scruter le cyberespace), n’en a qu’une « confiance modérée ».

En 2020, un rapport secret des services de renseignement américains constatent que John Brennan, Directeur de la CIA, a fait comme Donald Rumsfeld en 2002, en faisant rédiger le rapport par des analystes choisis au sein de quelques agences de renseignements. On a délibérément écarté les services plus « réservés » sur la question, comme l’Agence de renseignement militaire (DIA), et les analystes qui estimaient que « Moscou préférait Clinton parce qu’elle travaillerait avec ses cadres, alors que l’on craignait que Trump ne soit trop imprévisible ». En clair : les accusations contre la Russie sont purement spéculatives. Et cependant, notre presse les relatera…

Le 18 janvier, Barak Obama lui-même avoue que le rapport est « peu concluant » sur la question du hacking et de la manière dont WikiLeaks a eu accès aux e-mails du Parti démocrate. Mais ici encore, les médias mainstream complotistes ne relèveront pas cette réserve…

En réalité, la stratégie de l’Internet Research Agency (IRA) s’apparente davantage à du marketing numérique qu’à une stratégie d’influence. Loin d’avoir la configuration d’une opération sophistiquée de propagande, il s’est agi d’un travail beaucoup plus simple, fonctionnant avec des « pièges à clicks » destinés à gagner de l’argent. C’est tout. 

D’ailleurs, les liens entre l’IRA et le Kremlin ne sont pas avérés. L’acte d’accusation contre l’IRA, établi par Robert Mueller en février 2018, ne mentionne aucun lien avec le gouvernement russe. En outre, en juillet 2019, dans un avis et l’ordonnance qui l’accompagne, le juge fédéral Dabney L. Friedrich reproche au Rapport Mueller de suggérer que des activités d’influence « ont été entreprises au nom du gouvernement russe, sinon sous sa direction », alors qu’aucun élément ne lie l’IRA au gouvernement russe. Dans cette perspective, les affirmations de France24, BFMTV et d’autres relèvent tout simplement du complotisme : on crée des liens et des mécanismes de complot là où il n’y en a pas et on transforme des initiatives de trolls qui cherchent à gagner de l’argent en complot politique.

Le 14 juin 2016, parti Démocrate mandate CrowdStrike, une compagnie privée, pour démontrer l’implication de la Russie. 

Le 7 mai 2020, la Commission parlementaire du Renseignement décide de déclassifier et publier un certain nombre d’auditions de témoins du Russiagate, parmi lesquelles celle de Shawn Henry, président de CrowdStrike. Il affirme qu’il n’avait « pas de preuve concrète que des données ont été exfiltrées du CND, mais des indications qu’elles ont été exfiltrées ». Le terme « exfiltré » laisse deux possibilités ouvertes : que les données ont été prises de l’extérieur (hacking) ou qu’elles ont été téléchargées sur un support local (clé USB). Questionné sur ces « indications », il confesse « que les données ont été préparées pour être exfiltrées, [ils n’avaient] tout simplement pas la preuve qu’elles sont effectivement parties ». Ce qu’il décrit suggère que les données (e-mails) ont été rassemblées avant d’être « exfiltrées », ce qui indique un téléchargement et non un hacking. En clair : on n’en sait rien, et les accusations contre la Russie ne sont que des spéculations.

Naturellement, les mêmes accusations ont été portées contre la Russie à l’occasion du vote sur le Brexit. Mais là aussi, malgré les efforts pour exploiter ces accusations afin d’invalider le vote, on peut constater que qu’ils relèvent de la mauvaise foi et des mauvaises pratiques journalistiques.  

Sur Twitter, 419 comptes – considérés comme basés en Russie – ont émis 3 468 « tweets » sur le thème du Brexit, dont 78 % après le vote ! Le montant total dépensé par Russia Today en publicités sur Twitter s’élève à £767 (env. CHF 950) ; tandis que sur Facebook des comptes liés à la Russie ont dépensé au total… moins de €1 pour trois publicités, toutes liées à l’immigration, sans mentionner le Brexit !  Mais cela n’empêche pas le journal Libération d’affirmer qu’il y a eu une ingérence russe dans le scrutin, sans donner un seul élément qui le confirme. À part des considérations générales sur des actions attribuées à la Russie (comme une panne électrique le jour du scrutin), la journaliste joue sur la confusion entre ce qui « vient de Russie » et ce qui serait mené par le gouvernement russe.

-Jacques Baud, les constats que vous dressez sont loin d’êtres anodins! Ils révèlent, en tous les cas, à quel point nos médias se contentent de relayer des soi-disantes informations qui, comme vous venez de le démontrer, sont sans fondement assuré ni confirmé. 

Jacques BAUD: -Au fil des mois, l’ingérence russe dans la présidentielle américaine apparaît comme une gigantesque mystification. Ainsi, les médias ont mis le projecteur sur les attaques contre le Comité national démocrate (CND), mais bien peu ont mentionné que le Comité national républicain (CNR) avait également été l’objet d’attaques informatiques. De même, ils se sont concentrés sur la manière dont les courriels du CND ont été obtenus, mais ont négligé leur contenu, qui aurait pu être dévastateur pour le parti démocrate. Finalement, le Russiagate a été une manière magistrale de masquer les faiblesses de la candidate démocrate et de sa stratégie.

La lecture française de la présidentielle américaine est basée sur une réflexion linéaire, influencée par sa propre culture politique, où l’impact d’une stratégie de campagne est faible. Or, dans le système américain des Grands Électeurs, qui donne aux États un poids différent, la stratégie a une importance considérable. Ainsi le site Fivethirtyeight, de la chaîne ABC News, a-t-il comparé les stratégies des deux candidats : le Wisconsin était un État-clé mais Hillary Clinton ne l’a pas visité une seule fois durant la campagne. En fait, la candidate démocrate a délaissé les États qu’elle considérait comme « acquis », alors que l’équipe Trump s’est concentrée sur les États qui pouvaient « lui rapporter le plus ».

En octobre 2019, la Commission sénatoriale du Renseignement publie son rapport final, émaillé de préjugés simplistes et d’affirmations gratuites, mais confirme néanmoins que :

L’écrasante majorité du contenu diffusé par l’IRA n’exprimait pas de soutien clair à l’un ou l’autre des candidats à la présidence.

Un mois plus tard, le Journal de l’Académie des sciences américaine publie une étude approfondie des « tweets » durant la campagne électorale, qui conclut que les comptes créés par l’IRA n’ont pas eu d’impact sur le comportement des électeurs. Une étude conduite en 2017 indique que le Russiagate n’est que l’« hystérisation » d’une campagne de « pièges à clics » menée par des groupes d’informaticiens en Russie et en Roumanie pour gagner de l’argent. Si le gouvernement russe s’était effectivement ingéré dans l’élection, on ne voit pas exactement pourquoi et comment la Russie aurait mis à profit ce travail, puisque rien n’indique qu’elle a été faussée.

La question ici – comme dans les autres affaires que l’on attribue sans aucune preuve à la Russie (et à Poutine) – est: Pourquoi la Russie prendrait-elle des risques politiques aussi énormes pour des gains aussi minimes? Alors que nos médias se plaisent à présenter Poutine comme un joueur d’échecs, une telle gestion des affaires défierait la logique. 

Par ailleurs, il est assez pathétique de voir le pays qui a fomenté des coups d’État plus de 60 pays, qui s’est le plus impliqué – y compris de manière criminelle – dans les affaires d’autres pays, qui a soutenu et organisé des actes terroristes, et a tenté d’assassiner Fidel Castro 638 fois (!), pleurnicher aujourd’hui sur l’éventualité que d’autres puissent s’ingérer dans ses affaires. 

Il est tout aussi pathétique de voir nos médias et nos journalistes se contenter d’informations aussi sommaires pour porter des jugements. Car aujourd’hui, malgré le fait que rien n’a démontré une responsabilité du gouvernement russe dans cette affaire, on continue à en faire une vérité intangible : nos journaux et bien de nos journalistes auraient fait merveille dans les années 30 en Allemagne ou en Italie ! Vous ne me croyez pas ? Nous y reviendrons dans notre prochain entretien…

Histoire, Politique, société, Voix

Nouveaux entretiens avec Jacques BAUD sur complotisme et complots

Jacques Baud, nous avons largement évoqué le complotisme mais pourtant, des complots existent. Comment distinguez-vous le complotisme de l’identification de complots réels?

Jacques BAUD:– Comme nous l’avons vu, le conspirationnisme consiste à voir – pour un événement particulier – l’enchaînement de faits comme un phénomène construit et volontaire afin de poursuivre un objectif déterminé (souvent peu avouable). Par exemple, le fait d’affirmer que le gouvernement russe a tenté d’empoisonner Navalny (ou Skripal) est typiquement conspirationniste: on sait que Navalny est un opposant, on sait qu’il a été empoisonné, on a retrouvé des traces de « Novitchok » et on sait que la Russie est l’un des pays où le Novitchok a été synthétisé; mais le fait d’établir un lien univoque entre ces éléments pour affirmer qu’il s’agit d’une opération du gouvernement russe relève de la construction intellectuelle. D’ailleurs, le communiqué du gouvernement allemand n’accuse pas la Russie et se borne à demander des explications.

Ces liens artificiels ne peuvent souvent être élaborés qu’en excluant d’autres possibilités (par exemple, la possibilité que Navalny ait été empoisonné par l’une des nombreuses personnes corrompues contre lesquelles il lutte et qui sont liées à la mafia). L’exclusion de ces autres possibilités relève le plus souvent du négationnisme. Par exemple:

Ce ne sont que deux exemples de leurs jugements basés sur des éléments tronqués et qu’Hannah Arendt appelait « défactualisation », qui illustrent une caractéristique centrale du complotisme : attribuer une cause unique à des faits avérés.

Le complotisme est moins lié à ce que l’on pense, qu’à la manière dont on construit sa pensée. Lorsque cette dernière est construite en fonction d’une posture idéologique, elle tend à chercher à confirmer une conclusion préétablie. C’est le problème de la majorité des « fact-checkers » et de ceux qui prétendent lutter contre le complotisme: bien souvent, ils finissent par substituer un complotisme à un autre. La lutte contre le complotisme, lorsqu’elle n’est pas faite sérieusement, n’est rien d’autre qu’une manière de manipuler l’opinion. Le complotisme n’est pas simplement le fait d’envisager des hypothèses dans une situation où la réalité n’est pas claire, mais lorsqu’on tente d’imposer l’une d’entre elles.

Nous avons déjà évoqué le quotidien Le Temps dans le contexte du complotisme. Le 22 octobre, relatant une conférence de presse de John Ratcliffe, Directeur du Renseignement National (DNI) américain, ce quotidien suisse, qui se veut être la référence suisse du journalisme de qualité, déclare que la Russie et l’Iran ont entrepris des actions pour influencer la présidentielle du 3 novembre. Pourtant, rapportant le même événement, Reuters affirme qu’ « il n’y a aucune preuve concluante » de cette accusation, tandis que selon le Washington Post, les métadonnées recueillies à partir des e-mails ont montré l’utilisation de serveurs en Arabie saoudite, en Estonie, à Singapour et aux Émirats arabes unis. Certes, le quotidien suisse ne fait que relater une conférence de presse, mais on note que le quotidien n’a pas la même « assiduité » pour relater que John Ratcliffe a déclassifié des documents en septembre 2020, qui tendent à montrer que « l’ingérence » russe lors de la présidentielle de 2016 était – en réalité – le fait des Démocrates, qui cherchaient à engager une procédure de destitution contre Trump… C’est cette absence de rigueur dans l’application d’une déontologie journalistique qui ouvre la porte au conspirationnisme.
Ainsi, ceux qui sont très prompts à dénoncer le « conspirationnisme » son-ils souvent les mêmes qui tendent à influencer l’opinion en fonction de leurs propres préjugés.

Le conspirationnisme est généralement associé au développement des réseaux sociaux. C’est très partiellement vrai, mais c’est souvent une illusion d’optique: la plupart des « théories du complot » « sérieuses » que l’on évoque habituellement sont très antérieures aux médias modernes et aux réseaux sociaux. Internet n’est pas seulement un moyen de propager des fausses nouvelles, mais aussi un outil pour les neutraliser… à condition d’être bien utilisé! Avant 1990, 80% des Américains considéraient l’assassinat de Kennedy comme un complot, mais ils ne sont aujourd’hui que 60% . En fait, la majeure partie des théories complotistes circulent entre « convaincus ». L’émergence de théories alternatives a le plus souvent son origine dans la communication déficiente des autorités, qui, pour des raisons diverses, tentent de cacher leurs propres erreurs.

Merci à Jacques Baud de ses éclairages dont la suite sur ce même sujet est pour demain! Quant aux précédents entretiens, vous les trouverez ici 

Politique

PS, fin de parti?

capture d’écran France2
Pendant que certains présidents vivent leurs dernières heures au pouvoir, pour l’un, leurs derniers mois, pour l’autre, leur manière de quitter le devant de la scène politique ne manque pas d’être remarquée à défaut d’être remarquable.
Sur la toile, circulent toutes sortes de rumeurs et autres pétitions à signer tandis que l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche inquièterait.
En France, c’est la mort en directe du Parti socialiste à laquelle on assiste chaque jour ou presque.
François Hollande a voulu et revendiqué être un président normal, est-ce à dire que son comportement serait celui de tout un chacun de nous?
Ce qui semble, en tous les cas, acquis pour lui, est qu’outre son record d’impopularité, il aura réussi à mettre son propre parti dans une situation assez inédite.
Qu’un jeune premier, autrefois son ministre et son protégé, fasse la fine bouche face aux candidats malheureux qui seraient obligés de se rallier à lui pour représenter la gauche à la présidentielle 2017, il fallait y penser. Emmanuel Macron a osé:
http://www.francetvinfo.fr/elections/presidentielle/politique-les-soutiens-d-emmanuel-macron_2024891.html

Politique

Larmes de déconstruction massive

capture d’écran de: https://fr.sputniknews.com/international/201701111029528522-zakharova-russie-preoccupation-usa-obama/
Barack Obama a eu beau verser une larme, très médiatisée, celles de tant de victimes en Ukraine et ailleurs ont sans doute eu moins d’impact sur nos journalistes si prompts à relever l’émotion ici ou là.
Pourquoi l’Ukraine? 
La question, pour tant de personnes qui ont appris à penser selon les bulletins d’information rendus chaque jour ou presque tout le temps qu’a duré une guerre qui se prolonge dans la quasi indifférence de nos médias, la question, donc, se pose pour qui a retenu la leçon selon laquelle la Russie avait envahi ce pays.
Toutes celles et ceux, en Occident, qui pensent encore être informés ont appris comment les Ukrainiens souffraient de l’oppression russe, comment le Maïdan n’était que la revendication de plus de liberté et de moins de corruption!
Le résultat se connaît! Il en a largement été question ici dans les centaines de sujets consacrés à ce qui s’est passé dans le Donbass et en Ukraine, en général.
Au point que même l’administration américaine a reconnu sa responsabilité dans le plus parfait cynisme sauf à considérer un mea culpa de bon ton:
http://voix.blog.tdg.ch/archive/2015/02/04/la-responsabilite-des-medias-en-jeu.html
Pour le reste, on retiendra aussi la manière bien peu élégante du président américain de quitter la Maison Blanche.
Mobiliser à ce point l’attention contre la Russie pour en faire un feuilleton médiatique de troisième zone ne grandit pas ce Nobel de la Paix.

Politique

Vladimir Poutine, Charlie Rose, extraits de l’interview

Ce 27 septembre, à la veille de la 70e Assemblée Générale de l’ONU, Vladimir Poutine a accordé une interview pour les chaînes CBS et PBS.
Les questions que pose le journaliste américain au président russe sont directes. L’entretien est bien mené, apparaît cordial alors que tous les sujets les plus importants sinon brûlants y sont abordés.
On y observe, en tous les cas, un journaliste aussi respectueux que provocateur, face à un président qui sait apporter les réponses aux questions posées.
Cet interview est de qualité et son importance n’est pas à démontrer dans le contexte actuel.
Puissent de tels moments médiatiques contribuer à dépasser tant de clichés et de stéréotypes qui crispent les relations entre Etats-Unis et Russie!
La chaîne RT propose une video d’extraits qu’elle estime les meilleurs. Ils sont traduits en français:

Politique

La responsabilité des médias en jeu

On lit ici et là les velléités qu’aurait la Russie d’envahir l’est de l’Ukraine.
Ce scénario, même évoqué entre guillemets, relève au mieux, de la haute fantaisie, au pis, de la pure mauvaise foi.
Et relayer ce genre de propos sous quelque forme que ce soit est un choix qui ne relève d’aucun hasard.
Pour rappel, on a fait passer le Maïdan au nom de valeurs démocratiques. 
Au nom d’un idéal, on a soulevé un peuple.
Pour apprendre d’Obama, il y a peu, son ingérence et son soutien.*
Et maintenant?
Il estime que l’Ukraine doit être armée au prétexte que les forces russes seraient présentes dans le Donbass.
Voici ce que pense ce général ukrainien des mensonges dont tant de nos médias se sont fait le relai:

http://arretsurinfo.ch/general-ukrainien-aucune-troupe-russe-ne-combat-contre-nous/

 
* http://voix.blog.tdg.ch/archive/2015/02/02/washington-etreinte-par-un-profond-desarroi.html

Politique

La paix expliquée à leurs enfants

Barack Obama,
Prix Nobel de la Paix 2009

L’Union Européenne,
Prix Nobel de la Paix 2012

Grâce à l’intervention de ces deux nobélisés de la paix, 
l’Ukraine pleure
près de 3.000 morts

a vu s’enfuir ses habitants
par centaines de milliers.
 
La démocratie, c’est maintenant, foi de nobélisés.
 

Economie, Politique

Obama mobilise, divise et devise

Obama a parlé.

Le 26 mars dernier, le président américain s’est adressé aux Européens pour les mobiliser. C’est un appel qu’il a lancé. Et cet appel vise à protéger les acquis démocratiques menacés, selon lui, par l’attitude de Moscou en Ukraine.

Quand Barack Obama s’exprime, il sait de quoi il parle.

Et toutes celles et ceux qui se sont rassemblés sur le Maïdan avec un idéal? Certes et sans doute pas celui des BHL et autres gouvernants accourus au chevet d’une révolution en marche.

Où est l’imposture?

Où est la démocratie qui bafoue des accords signés? Où est la propagande alors que du gaz de schiste attend d’être livré par les Etats-Unis?

Politique, société

« Couple franco-américain », l’amour si je mens

Après le couple franco-allemand, voici qu’on nous sert le couple franco-américain.
Cette manière de créer la romance sinon la convergence d’intérêts entre un pays et un autre est-elle bien raisonnable?
Elle relève certes d’une rhétorique médiatique particulière mais tout de même!
A l’heure où un conflit mondial pourrait être engendré par ce nouveau couple, est-ce vraiment opportun d’en référer à un tel vocabulaire?
Mais on le sait, en politique comme partout, certains mots ont leurs raisons.
Que le coeur des citoyens les connaissent ou non, elles leur sont distribuées comme autant de sens à créditer.
Et ce couple de marteler à tout va la nécessité d’une action.
Et ce couple de tenter de convaincre, de persuader, de brandir des images, des valeurs pour imposer une machine de guerre déjà préparée de longue date.
Comment adhérer à une telle mascarade au nom d’un humanisme de circonstances sinon de pacotille?
Oui, la Syrie souffre, oui les morts s’amoncellent mais imaginer qu’un couple soit en mesure d’y mettre un terme par le feu?
Non.

Politique, société

Syrie, articles 49-1 et 50-1 de la Constitution française

Maintenant que le Président Barack Obama a décidé de consulter le Congrès pour décider d’une intervention militaire en Syrie, bien des regards se tournent vers le Président français.
Jusque là réfugié derrière l’article 35 de la Constitution de la Ve République, son gouvernement ne risque rien.*
Dans son édition du jour, toutefois, Le Figaro, livre une information non dénuée d’intérêt.
On y apprend, en effet, la possibilité qui serait accordée au parlement de voter.
Deux articles de la Constitution le stipulent.
L’article 49-1 et l’article 50-1.**
Si le premier met en danger le gouvernement en cas de vote, tel n’est pas le cas du second.
Toute la question reste de savoir si Monsieur le Président de tous les Français tient à l’être et à le prouver ou s’il veut persister à affirmer une autorité de plus en plus discutée sinon contestée par son peuple. 
* http://voix.blog.tdg.ch/archive/2013/08/31/temp-419c698e4b5847a380d95bdd1772013a-246334.html
 
** http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do?idArticle=LEGIARTI000019241062&cidTexte=LEGITEXT000006071194&dateTexte=vig

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexteArticle.do;jsessionid=2E27F0A2027A1CD25CBAA5CAD6BE9787.tpdjo05v_3?idArticle=LEGIARTI000019241064&cidTexte=LEGITEXT000006071194&dateTexte=20130901