Il est rare que la Tribune de Genève refuse les courriers que je lui soumets et je lui en suis reconnaissante. Sa rubrique « Opinion » est un espace précieux, dédié à l’expression de divers points de vue.
Dans ce sens, avais-je pensé utile de réagir à un article paru dans les colonnes du grand quotidien genevois. À ce jour, mon propos datant du 18 février dernier n’a pas -encore?- été retenu, peut-être le sera-t-il, le voici:
Sauf à l’avoir voulue, personne ne se réjouit de la mort d’un homme. Ce n’est donc pas ici que l’on trouvera de quoi applaudir au décès d’Alexeï Navalny.
Il importe, néanmoins, de réagir à la sempiternelle présentation de lui par la classe médiatico-politique occidentale qui l’érige en icône de la liberté et voit en lui « le plus célèbre opposant de Vladimir Poutine », comme l’écrit Virginie Lenk dans votre édition de ce 16 février.
Qu’on le veuille ou non, le principal opposant au parti de Vladimir Poutine, Russie unie, est le parti communiste. Alexeï Navalny n’en était pas. Plus proche de l’ultra-nationalisme, il avait appelé sans état d’âme à écraser et à tuer les Caucasiens qu’il comparait à des cafards. Pareil charisme n’a, semble-t-il, pas trop ému nos élites.
Pour le reste et à quelques semaines de l’élection présidentielle, on voit mal quel intérêt aurait le Kremlin à la mort d’un homme emprisonné pour corruption dans le cadre d’une affaire qui l’opposait à la filiale russe de groupe français Yves Rocher.
Mais nos « spécialistes » se contorsionnent en savantes explications auxquelles se mêlent partis pris et jugements qui ne contribuent qu’à exacerber la tension déjà bien assez existante avec la Fédération de Russie.
On peut ne pas l’aimer. On peut critiquer son Président. On peut aussi informer de manière correcte sur telle ou telle personnalité plutôt que d’induire en erreur un public confiant. Paix à Alexeï Navalny et à un monde survolté!
Il est évident que l’actualité oblige à trier les réactions de lectrices et de lecteurs. Tout cela est parfaitement compréhensible. Et j’ose espérer que mon courrier a juste dû faire place à d’autres estimés prioritaires.
Quoi qu’il en soit, force est de constater que traiter de la Russie « de Poutine » et de Pouchkine reste délicat sinon clivant.