Politique

La Russie n’a jamais été l’ennemie de l’Europe

Comme l’interview dont j’ai indiqué le lien dans un précédent sujet de blog a été publiée en russe, en voici la version française. Quatre questions m’ont été posées par le journaliste Arkadij BEINENSON.

Arkadij BEINENSON: -Vous participez à des groupes de discussion de soutien au Donbass. Quelle est votre motivation?
Plusieurs raisons expliquent mon engagement face à la situation en Ukraine.
Tout d’abord, en tant qu’écrivain et slaviste, il m’est impossible de demeurer insensible à ce qui concerne la Russie.

Ensuite, en tant que Suissesse, sachant que mon pays a présidé l’OSCE durant toute cette année 2014, il m’était à nouveau impossible de ne pas suivre avec la plus grande attention les événements qui se sont déroulés en Ukraine.

Enfin, vous savez qu’en cette année 2014, la Suisse et la Russie ont célébré le bicentenaire de leurs relations diplomatiques. Pour toutes ces raisons, j’avais de quoi ne pas me détourner de ce qui se passe en Ukraine.

Comme vous l’avez constaté, j’ai en effet suivi les publications de différents groupes de soutien au Donbass car j’ai estimé indispensable de m’informer autrement qu’à travers le seul biais des médias occidentaux.

Et puis, aussi, j’ai compris le sens du combat mené par ceux que l’Occident a appelés « pro-russes » ou « séparatistes ».

Ici, en Occident, les enjeux de cette lutte n’ont pas toujours été bien expliqués, c’est pourquoi j’ai eu à coeur de transmettre à mes compatriotes un autre point de vue que celui qui domine la plupart des médias.

Estimez-vous objective, la manière dont les médias européens rendent compte de la situation dans le Donbass? 

Rares sont les média occidentaux qui présentent la situation en Ukraine de manière objective. Il en existe, toutefois, qui osent se démarquer du regard porté par la majorité des journalistes ou autres chroniqueurs.

Ainsi trouve-t-on des sites d’information où s’expriment des spécialistes de questions liées à l’économie, à la finance ou à la géopolitique. De nombreuses personnes s’y réfèrent, qui comprennent que la manière dont la plupart des médias rendent compte de la situation est le plus souvent orientée. Dans ce sens, il est piquant de relever que la Russie est sans cesse accusée de livrer sa « propagande » tandis que l’Occident détiendrait à lui seul, la vérité de l’information.

Ce sont ces préjugés que je tente de combattre. Encore une fois, je ne suis ni politicienne ni journaliste. Je suis juste animée par le refus de diaboliser la Russie comme s’y emploient trop de commentateurs.

En effet, la perception de la Russie par l’Occident se limite très et trop souvent à des clichés, des approximations ou alors à des analyses qui visent à démontrer qu’elle est aux mains d’une clique d’oligarques inféodés à leur président tout puissant. Ainsi ne parle-t-on plus que de « la Russie de Poutine » alors que l’on sait qu’elle est celle de bien d’autres personnalités dont celle de l’ancien et dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbachev. Je l’ai rappelé dans un de mes derniers sujets de blog qui a aussi été publié comme courrier par « La Tribune de Genève » et par « Le Temps ».

Cela dit, des débats contradictoires sont tout de même organisés par les médias et permettent des échanges de points de vue.

A votre avis, quelle serait la « recette » à envisager pour résoudre la crise ukrainienne?

Pour ma part, je ne puis plus qu’espérer que la diplomatie vienne au secours d’une situation qui ne peut plus durer tant la souffrance et la violence y sont dévastatrices.

Là encore, je me suis exprimée et mes propos ont été relayés par « La Tribune de Genève »

Des divers points de vue émis sur le déclenchement de la crise en Ukraine, lequel vous paraît déterminant?

Ce qui apparaît comme principal facteur ayant déclenché cette crise, est la pression exercée sur le Président Viktor Ianoukovich pour qu’il signe un accord avec Bruxelles.

Suite au refus qu’il y a opposé, de violentes manifestations se sont déroulées à Kiev, sur le Maïdan.

Les interprétations de ces troubles meurtriers ont été controversées. En effet, les lectures des uns et des autres sur la destitution du Président Viktor Ianoukovich ont divergé et c’est de cela que j’ai voulu rendre compte sur mon blog.

Il me tient à coeur, en effet, de refuser le seul angle de vue de l’auto-proclamée, « communauté internationale » qui n’a de cesse de charger la Russie et de la rendre responsable de tous les tragiques événements qui se sont déroulés par la suite en Ukraine.

Cette attitude de la part de l’Occident n’échappe toutefois pas à nombre d’observateurs et c’est tant mieux. Cependant, ceux-ci sont souvent et aussitôt vus comme victimes naïves de la « propagande » russe. Tout est bon pour stigmatiser la Russie.

Cela est parfaitement regrettable et n’apporte rien qui vaille tandis que tant d’appels au dialogue avec la Russie ont en même temps été lancés.

L’un d’eux date d’il y a plus d’un an et concerne la Syrie. L’autre a été émis cette année dans le cadre de la crise ukrainienne.

Puissent ces appels être entendus car la Russie n’a jamais été l’ennemie de l’Europe. Cette vision-là est insensée et mérite qu’on la combatte avant qu’il ne soit trop tard si ce ne l’est déjà.

NB: Interview publiée en russe sur le site Baltnews.ee

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4 Comments

  • Reply Jean-Guy Rens 14 septembre 2024 at 21h53

    Interview prémonitoire. Comment se fait-il que des observations si simples et si pleines de bon sens n’aient pas pu être effectuées par les gens qui nous dirigent? Autre question subsidiaire: comment se fait-il que les médias qui ont si souvent joué un rôle de contre-pouvoir dans le passé (guerre d’Algérie, guerre du Vietnam) n’aient jamais effectué d’analyse comparable et remis en question le narratif belliciste de l’Union européenne et de l’OTAN?

    • Reply Hélène Richard-Favre 15 septembre 2024 at 21h11

      Je n’ai pas les réponses à vos questions sinon le sentiment qu’a été mise à l’oeuvre et imposée au monde médiatico-politique occidental, une volonté d’en découdre avec la Russie quel que soit le prix à payer, cela allant jusqu’à la devenue tristement célèbre phrase « jusqu’au dernier Ukrainien ».

  • Reply Charles 05 15 septembre 2024 at 10h06

    Aujourd hui le seul sujet qui occupe les médias et les politiciens est Poutine et la Russie et rien d autre. Il n y a que ça 24/24 hrs et circulez il n y a rien à voir. Ne sont ils pas Ils pas les mêmes qui nous racontaient que Poutine est fou et schizophrène, en plus il a 3 cancers avec des métastases partout + un Parkinson en stade terminal et qu il allait être déposé par son peuple en 15 jours 🙂

    A l époque on nous disait en novembre 2021 que Trump jouait la musique que Poutine en ordonne de faire et l’enquête du procureur spécial John Durham jette de forts doutes sur les accusations de collusion entre Moscou et Trump et enquête qui a fini par un big Pschitt . Et aujourd hui rebelotte:Même Trump a mentionné Poutine six fois et la Russie dix fois lors de son 1er débat avec Kamala Harris du 10 septembre 2024.

    Bien à Vous.
    Charles 05

  • Reply Charles 05 15 septembre 2024 at 20h18

    Mini complément à mon commentaire ci dessus (15 septembre 10h06):
    OTAN-Russie : «Ça peut dégénérer très très vite ce que l Otan aimerait »?!A noter que l Otan est la main d oeuvre des Amerloques et Trump veut faire payer à l UE plus du Fric au lieu que c est l amérique qui paie toujours, dit-il ce clown imprévisible et dégénéré.!
    Bien à vous.
    Charles 05

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