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Hélène Richard-Favre

Culture, Economie, Histoire, Politique, Religions, Voix

Il y a trois ans, jour pour jour

Il y a trois ans, jour pour jour, j’évoquais sur ce blog la guerre en Artsakh pour les Arméniens, Haut-Karabagh pour l’Occident.

Comment ne pas songer à ces populations éperdues, qui n’ont plus d’autre choix que l’exil de leur terre ancestrale quand et si la vie leur a encore été accordée ?

Car lorsque l’on sait les ignominies commises sans que la fameuse « communauté internationale » ne s’en émeuve trop, on mesure une fois de plus le poids de ces émotions et mobilisations à géométrie si variable.

Et ce n’est hélas pas le fait de l’écrire qui y changera quoi que ce soit.

Devenir fataliste ou se résigner semble bien être l’attitude d’autant de ces victimes de la pensée qui juge et condamne en toute bonne conscience.

On désigne les mauvais, on distingue les bons et l’affaire est classée.

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Retour avec un ouvrage d’une journaliste suisse

Chères lectrices et Chers lecteurs de ce blog,

Pour diverses raisons, j’ai suspendu la publication de sujets comme vous aurez pu le constater. Je reviens pour partager avec vous la parution d’un ouvrage, La nuit au pas, signé par Isabelle Cornaz qui a été, en son temps, correspondante à Moscou pour la Radio Télévision Suisse (RTS).

Je découvre la parution de ce livre à l’instant et me réjouis de le lire, tant j’aime Moscou et la Russie, inutile de le rappeler encore et encore ici. Sauf que vu le contexte, déclarer son amour à une capitale et à un pays conspués par l’opinion publique officielle, c’est plus que risqué.

Face aux nombreuses réactions qui entourent l’ouvrage d’Isabelle Cornaz, j’ai commencé par suivre une interview qu’elle a accordée à la RTS. Outre le fait que la journaliste qui l’interroge avoue peu sinon mal connaître ce vaste pays dont on ne cesse pourtant de parler, dit-elle et merci, j’ai relevé cette assertion de l’auteure du livre selon laquelle la guerre en Ukraine serait une question de territoire.

C’est faux. Tout est parti d’une question de langue.

C’est l’interdiction du russe comme langue officielle, décrétée par la rada ukrainienne le 23 février 2014 qui a mis le feu aux poudres dans le Donbass, région essentiellement russophone. Et près de 15’000 morts plus tard dans cette région, sans compter les centaines de milliers de blessés et d’exilés qui n’ont pas plus que cela retenu l’attention de nos médias, pas davantage non plus celle de la diplomatie, c’est après ce carnage que tout s’est dégradé.

Quant à ce que dit Isabelle Cornaz de « certains cimetières » qui pourraient être rachetés par un promoteur et être rasés par des bulldozers, c’est à se demander comment la mémoire des ancêtres si chère aux Russes peut à ce point lui avoir échappé qu’elle imagine pareil comportement.

Mais bon, elle connaît mieux la Russie que moi, sans doute… et surtout lorsqu’elle parle de la « dégradation morale de la société » qui « porte atteinte à la réalité de ce pays », la Russie donc. Quand la poésie du regard s’accompagne de jugements, conserve-t-elle toute sa puissance, la question est posée.

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Face à la violence

À chaque catastrophe, qu’il s’agisse de tremblement de terre, d’explosion, d’inondation, d’incendie, de vandalisme, de tabassage ou de pillage en règle, des gens se retrouvent totalement démunis, livrés à eux-mêmes ou à la bonne grâce de volontés bienveillantes à leur égard.

En l’occurrence et face à ce qui secoue, que dis-je, brutalise la France depuis plusieurs jours, on peut gloser à l’infini. Il n’en demeure pas moins que des personnes innocentes perdent en une fraction de seconde tout ce qui a constitué leur existence jusque là.

Que la violence soit intrinsèque à l’être humain, nul ne l’ignore plus et philosopher offre un certain recours. Il n’en demeure pas moins que la destruction opère et qu’il ne reste plus qu’à sa ou ses victimes de trouver comment la surmonter.

» Donner du sens », entend-on souvent dire après une violence subie. Certes mais il arrive que cette quête tourne à vide quand les références que l’on convoque sont inaptes à expliquer l’inintelligible.

Ne reste alors que la force d’affronter ou de ployer sous le poids de charges intolérables.

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Il y a deux ans à Genève, les Présidents Biden et Poutine se rencontraient

Il y a deux ans, Genève se mettait dans tous ses états pour accueillir la rencontre entre Joe Biden et Vladimir Poutine. Plusieurs sujets de ce blog ont été consacrés à cet événement auquel j’ai eu, pour d’aucuns, la naïveté de croire. Je n’ai pourtant pas été la seule à espérer.

Le résultat se connaît, la diplomatie a coulé corps et âme. Et tout est là.

Mais on se plaît depuis des années, que dis-je des siècles, à avoir une coupable toute désignée, la Russie. Qu’elle ait été celle des Tsars, celle des Soviets ou celle de Vladimir Poutine, elle a sans cesse été ciblée par un Occident arrogant.

Et refuser de diaboliser ce pays aux vastes espaces et à l’immense culture vaut d’être montré du doigt.

Comme étudiante de russe, je ne cachais pas mon amour de la Russie. Elle était soviétique, à l’époque. J’étais dès lors suspectée de douteuses accointances. Cet amour d’un pays et de son peuple, comme je continue de l’exprimer ici, m’a muée désormais en porte-voix de son seul Président.

Pauvres esprits réduits à l’incapacité de discerner l’humain du politique!

Il y a deux ans donc, un 16 juin 2021, la ville accueillait deux Présidents dont les pays ne sont pas officiellement « en guerre » mais dont le bras armé de l’un s’affaire de longue date à multiplier ses bases militaires autour de l’autre.

Mais bon, on sait que c’est pour le bien de la « démocratie ».

Ce qui vaut à tout autre point de vue qui remettrait en question cette si noble option d’être écarté. Car nous bénéficions de droits dont serait privé le peuple russe, bafoué en permanence dans ses éventuelles revendications.

À partir de là, circuons, il n’y a plus rien à voir.

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11 octobre 2014, un futur Président

Montage? À vous d’en juger.

La vidéo que vous découvrirez à la fin de ce sujet de blog date du 11 octobre 2014. La guerre dans le Donbass avait déjà fait trop de victimes, parmi les enfants, entre autre. Mais ici, nos élites politico-médiatiques savaient que les « terroristes », en fait, des séparatistes qui refusaient qu’on leur interdise de parler leur langue, le russe, suite à un décret promulgué par la Rada de Kiev, ici donc, au mieux, on estimait que ces « terroristes » n’avaient qu’à bien se tenir.

Après tout, si leur propre gouvernement balançait quelques obus sur leurs maisons, si la mort, l’invalidité ou l’exil menaçaient, ils étaient seuls responsables. En Syrie, on estimait intolérable qu’un Président tue son propre peuple, en Ukraine, non. Deux logiques  très vite assimilées par les publics de médias dits « mainstream ».

La vidéo indiquée en lien ci-après vous donnera une idée de ce qui se passait en ces temps perturbés. On y découvre l’actuel Président ukrainien en scène. Il lit une lettre à sa « famille en Russie ». Sa prestation rend son public heureux sinon hilare. L’homme, comédien encore, fait désormais le tour des chancelleries et des parlements.

Son public a changé. Merci de cliquer ici et de mener vos propres réflexions.

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Devenir suisse

Ce qui suit ne relève d’aucune fiction.

Un rendez-vous est pris dans le cadre d’un processus de naturalisation suisse.

Le rendez-vous n’est pas organisé  « en présentiel » comme on dit maintenant mais de manière virtuelle.

Pour une raison X, le rendez-vous est annulé le jour même par le service de naturalisation. Et pas reporté mais en attente jusqu’à nouvel ordre.

Nul n’est bien sûr infaillible.

Et pareil agissement de la part d’une administration cantonale devra bien être « compris » de la part de la personne qui s’est préparée à ce moment important de sa vie.

Bienvenue en Suisse!

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Dialogue et « dialogue »

De cette foire d’empoigne qu’est devenu le champ médiatique en lien avec « l’information », relayée sur les réseaux « soucieux » comme les qualifiait un de mes amis défunt, on peut s’éclipser pour échapper à la déferlante de commentaires générés par telle ou telle publication partagée. En pareil cas, on se prive de ce qu’est devenu l’échange dit social et on privilégie le retrait de trop de fougue. C’est un choix.

Soumis à quelques turbulences, ce blog l’a été. Surtout du temps où l’avait accueilli la plateforme gracieusement mise à disposition  par la Tribune de Genève. La visibilité était de facto plus importante que l’actuelle, imposée en février 2020 par la décision qui avait été prise en haut lieu de rendre l’accès impossible à ce blog. C’est du passé.

Il illustre néanmoins les aléas de la soi-disante « liberté d’expression » dont nous disposerions en Suisse ou de manière plus générale en Europe et en Occident, à l’inverse de pays dont les régimes sont considérés comme des « dictatures ». Or par de fervents démocrates, ce blog a été dénoncé. Qu’à cela ne tienne, il a survécu.

Le fait qu’il ait déclenché autant d’animosité de la part d’internautes convaincus d’incarner à eux ou à elles seul(e)s la droite ligne à penser en dit long sur la santé de nos régimes politiques dont les dignes représentants se posent en juges et censeurs pour dicter la bonne conduite à suivre.

Parce qu’il est question, ici, d’un pays honni comme peu d’autres ont pu l’être depuis longtemps, on décrète que ce qui s’y écrit est de la pure propagande. On s’évite l’effort de lire avec attention le propos soumis, on le rejette du seul fait qu’il ne conspue pas ce qui est russe. C’est dire le niveau atteint de la « liberté d’expression » chérie et revendiquée par nos compatriotes!

Heureusement, il existe des personnes avec lesquelles un véritable échange de points de vue reste possible. Et parmi elles, de très précieuses récemment rencontrées, finlandaise pour l’une et d’emblée déclarée russophobe, polonaise pour l’autre et tout aussi russophobe déclarée. Eh bien figurez-vous que nous avons toutes les trois réussi à mener une véritable discussion.

Miracle? Non. Volonté et qualité d’écoute. Respect de l’opinion adverse et désir de comprendre un point de vue qui n’est pas le sien. Oui, pareilles gens existent et heureusement. D’abord pour leur franchise, ensuite, par leur disponibilité à entendre autre chose que leur seules certitudes claironnées en vérités et imposées comme telles.

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En ce 9 mai 2023

En ce 9 mai, la Russie mais pas elle seule, célèbre la mémoire de la victoire contre le nazisme.

En ces temps troubles et troublés par tant d’informations, d’opinions émises, d’analyses chacune plus experte que l’autre, loin de moi d’en rajouter ici.

Juste dire la douleur ressentie face à une situation à la dérive.

Jamais aucune guerre n’a épargné qui que ce soit. Que les vainqueurs en racontent ensuite l’histoire ne change rien au ravage laissé par tout champ de bataille quel qu’il soit.

Dans ce sens, rendre hommage aux victimes d’hier répond à un besoin légitime.

Que l’on interprète ensuite les commémorations du 9 mai dans un sens ou un autre dans le but de cliver davantage encore regarde les politiques partisanes de tous bords.

Rien de cela ce jour, en dépit de tant de remarques savantes émises à l’encontre de ce qui se partage ici depuis qu’il y est question d’un pays au sujet duquel tant d’éminences se déploient en savantes conjectures.

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Un film en plein air

Il y a des jours où s’invite le temps de contempler.

Ce soir, par exemple, j’ai passé de longues minutes assise sur le banc d’une place très fréquentée de ma ville, à observer les gens déambuler, se retrouver, se séparer, être assis sans rien se dire ou au contraire, discuter avec passion autour d’une table de café.

Et puis, deux jeunes m’ont prise à témoin au sujet de je ne sais plus quoi, sans importance. Ils étaient joyeux, il étaient beaux et je le leur ai dit. Une discussion, légère, s’est ensuite engagée entre nous. Sur nos origines, nos âges, le mien les a surpris, le leur, c’est la vie devant soi qu’on leur souhaite!

Juste avant cette rencontre, une adolescente m’avait profondément émue. Elle devait être atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette. Ses parents étaient attablés à bavarder, un oeil sur elle, debout aux prises avec son mal.  L’amour qu’ils vouaient à l’enfant était perceptible. Tout autant la décence sinon l’indifférence du voisinage.

En quelques minutes, sur cette place, c’est une mosaïque humaine, sans cesse recomposée, qui se dessinait sous mes yeux. Le terme de « mosaïque », je le tiens de l’une des traductrices de mon deuxième recueil de nouvelles, « Nouvelles de rien ».

Et c’est bien celui qui convient pour évoquer tant d’existences qui se côtoient ou s’ignorent.