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Histoire, Politique

OTAN, Bandera et langue de bois

Tandis que l’OTAN renforce ses troupes à l’Est de l’Europe, Kiev donne le nom de Stepan Bandera à une avenue autrefois appelée avenue de Moscou.

A lire la manière dont nombre de médias occidentaux rendent compte de ces deux faits, il apparaît que la langue de bois oeuvre à merveille.

Ainsi, pour autant les commentateurs du sommet de l’OTAN à Varsovie que pour ceux qui expliquent qui était Bandera, découvre-t-on une narrative bien rodée.

Tout cela n’est pas nouveau, certes. Mais s’habituer à ce constat, c’est se rendre complice de duplicité.

Dans une interview, Tadeusz Isakowicz-Zaleski, historien, écrivain et publiciste polonais, livre un point de vue qui doit être entendu.

Parce que les mémoires existent, parce que le destin de chacune et de chacun de nous est concerné:

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Anniversaires

Ce 6 juin, on fête le 80e anniversaire du débarquement et vous le savez, la Russie n’y est pas invitée. De son côté, chaque 6 juin, elle célèbre la langue russe. Le choix de cette date correspond à celle de la naissance de l’un de ses plus grands écrivains, je veux parler d’Alexandre Sergueïevitch Pouchkine.

Le jour de ce double anniversaire coïncide donc avec celui où est mis à l’honneur le président d’un pays si démocratique que l’intolérance de son parlement a interdit la langue russe par décret en février 2014 tandis qu’elle avait jusque là été reconnue comme langue officielle.

Ainsi, les faiseurs d’Histoire mettent-ils en avant un homme qui défendrait de si nobles idéaux que ceux-ci consistent, par exemple aussi, à effacer toute trace du grand voisin en rebaptisant la principale avenue de Kiev du nom de Stepan Bandera au passé refaçonné loin du nazisme auquel il était pourtant lié.

En ce 6 juin, je pense à ma mère qui a vécu au Havre et connu le débarquement tout comme les bombardements alliés de septembre 1944 alors que les nazis avaient déjà fui la ville. Je pense aussi à la langue et à la culture russe qui ont déterminé mon parcours littéraire.

Dans ce sens, quand à deux reprises, en 2014 et en 2020, j’avais été sollicitée pour lire l’extrait d’une oeuvre de Pouchkine, émue, j’avais accepté. C’était sans compter les zélés observateurs qui considérèrent, en 2020, que Pouchkine et Poutine pouvaient aisément se rejoindre.

Voix

Rappeler la mémoire de 25 millions de morts soviétiques, de la propagande selon notre valeureux Occident

Qui a sacrifié vint-cinq millions de vies humaines pour sauver l’Europe du Führer?

Qui entretient la mémoire fasciste en rebaptisant l’une des principales artères de Kiev du nom de Stepan Bandera dont on s’ingénie à nous montrer qu’il n’y est pas lié ou si peu, à cette glorieuse mémoire?

Deux questions essentielles qui ont toutes les chances de se heurter à celle qui revient sans cesse, « qui a envahi l’Ukraine? ».

C’est plus simple d’éluder ainsi les huit ans de guerre dans le Donbass qui ont précédé le 24 février 2022 et fauché des milliers de vies d’enfants, d’adultes et de personnes âgées.

Autant de victimes que nos médias, quand ils daignaient en parler, qualifiaient de rebelles quand elles n’étaient pas terroristes.

C’est plus simple aussi de faire l’impasse sur le massacre de la maison des syndicats d’Odessa du 2 mai 2014. Merci à Jack Dion d’en avoir traité dans Marianne.

Et cela met en avant un Occident si moral qui n’a évidement agressé aucun peuple ni jamais bafoué le droit international.

Nos gouvernements et leurs médias affiliés flirtent en zone dangereuse à négliger l’importance que revêt toujours aux yeux des Russes la victoire sur le nazisme.

Dans les familles, les mémoires sont encore vives et à vif. Mais nos spécialistes accrédités nous assènent que cultiver le souvenir d’êtres chers tombés pour nous libérer du nazisme relève de la propagande.

Inutile d’être « pro-russe » pour retenir quelques leçons d’Histoire que nos élites seraient bien inspirées de ne pas escamoter.

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Moscou, début décembre 2023

Je reviens d’un très bref séjour à Moscou où je suis allée découvrir mon dernier livre traduit en russe par Alla Beliak et publié, comme les cinq précédents, en édition bilingue russe-français. Par un concours de circonstances inattendu, cet ouvrage, inspiré par le grand compositeur Sergueï Rachmaninov, paraît l’année où est célébré le 150e anniversaire de sa naissance.

J’ai eu l’occasion de discuter avec diverses personnes de ce qu’elles ressentaient, de ce qu’elles vivaient. Rien de fanatique, dans ce que j’ai entendu, juste des réalités rappelées et en général négligées par nos élites médiatiques. Par exemple, le nombre de familles déchirées, quand des membres des unes prennent les armes pour un camp et les autres pour le camp adverse.

Celles et ceux qui suivent ce blog savent combien de fois j’ai évoqué la guerre fratricide menée dans le Donbass depuis 2014. Des centaines et des centaines de sujets y ont été consacrés. Et mon très bref séjour moscovite m’a une fois encore confirmé que des peuples que rien ne devait à ce point soulever les uns contre les autres, sont désormais ennemis.

La faute aux Russes, bien sûr. Et ça suffit, plus besoin de s’interroger,  Stepan Bandera peut avoir sa grande avenue à Kiev, les livres d’Histoire le consacrent, tout va bien, son passé nazi serait une fable. Pourquoi se casser la tête et chercher à comprendre? La russophobie dominait l’espace médiatique depuis une dizaine d’années et c’est peu dire, elle l’envahit maintenant.

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Un numéro d’acrobatie

Francetvinfo se contorsionne pour nous expliquer qui est Stepan Bandera, la figure du nazisme en Ukraine.

Celles et ceux qui s’en réclament ignoreraient qui il a été vraiment, selon quelques acrobates qui commentent. Lui-même, donc le héros célébré comme tel, aurait été assez naïf pour se laisser entraîner là où il ne l’aurait pas voulu.

Il faut lire ce morceau d’anthologie pour mesurer comment on tente de traiter des réalités qui dérangent.

Donc pas de nazisme, pas de représentants du fascisme en Ukraine, un Président conscient que Bandera gêne un peu mais qui n’a pas pour autant décidé de faire rebaptiser l’une des principales artères de la capitale de son pays.

Rappelez-vous, en effet, comment cette grande avenue de Kiev appelée avenue de Moscou a été renommée en 2016, avenue Stepan Bandera.

J’en ai plusieurs fois fait mention ici. Mais bon, peut-être ignorait-on qui était ce grand homme à honorer de la sorte. Dans la frénésie anti-russe, tout est permis, il faut comprendre.

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Utiliser l’holodomor qui n’a, hélas, pas affamé que la seule Ukraine, nouvelle arme de désinformation

Utiliser l’holodomor, cette famine organisée par Staline et qui a frappé bien plus de régions que la seule Ukraine, hélas et pour qui connaît un peu l’Histoire ou aurait envie de s’y intéresser, utiliser l’holodomor est la nouvelle tactique politico-médiatique pour encore mieux bannir la Russie des pays fréquentables.

Tactique pratiquée, rappelons-le par un Occident si vertueux qu’il persiste à nier l’absence d’influence nazie exercée en Ukraine tandis que la principale grande artère de Kiev, autrefois appelée avenue de Moscou a été rebaptisée par le gouvernement « démocratiquement élu », avenue Stepan Bandera, digne représentant d’Hitler.

Pendant que d’innocentes populations perdent vie, biens, proches, santé et j’en passe, nos spécialistes sans gêne ni pudeur continuent de jacasser sur les plateaux de télévision, les chaînes de radio et dans les colonnes de magazines et de grands quotidiens pour, surtout, montrer une Russie monstrueuse.

Oser encore espérer qu’une information digne de ce nom soit diffusée par nos médias dits mainstream, sur ce qui se passe dans ce pays exsangue qu’est devenue l’Ukraine, relève de plus en plus sinon de manière résolument définitive, du voeu plus que pieux.

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Mais qui réécrit l’Histoire?

Sur le site du Département fédéral de l’intérieur de la Suisse, a été publié un message, ce 27 janvier, à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste.

On y découvre comment le Président de la Confédération procède pour dénoncer qui réécrirait l’Histoire alors que lui-même omet consciencieusement de nommer qui a libéré le camp d’Auschwitz.

On y lit comment, selon lui, il est fallacieux de parler de présence nazie en Ukraine dont il décrit le gouvernement comme avoir été « démocratiquement élu ».

On y apprend surtout comment il ignore ou feint d’ignorer le fait que Kiev a renommé l’une de ses plus grandes artères du nom d’un très digne représentant des Nazis, à savoir Stepan Bandera.

Dans le sujet de blog que j’avais écrit le 10 juillet 2016, soit, il y a 6 ans et demi, je citais l’interview d’un historien polonais, Tadeusz Isakowicz-Zaleski. Parce que toutes les mémoires ne se plient pas au pouvoir qui le décide.

La politique est résolument un nid de frelons. Et c’est encore très peu dire.

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Sortir d’une spirale mensongère

À qui le voudra bien, je suggère de visionner cette vidéo d’à peine une minute dont le lien est indiqué en bleu à la fin de ce sujet. Il s’agit d’une intervention du rabbin Mikhaïl Finkel qui s’exprime sur l’Ukraine. Ses propos sont incisifs et sans concession.

Le rabbin Finkel explique pourquoi « nous ne devrions pas nous quereller avec la Russie ». Il ajoute que « rien qu’avec Zelenski, l’Ukraine a voté 36 fois contre Israël à l’ONU ». Il rappelle qui sont les héros de l’Ukraine, ce que nos médias font absolument tout pour cacher sinon mieux encore, nier.

Et il cite les noms de Symon Petlioura « qui a tué 200.000 Juifs », Roman Shoukhevytch, Stepan Bandera dont il a été à plusieurs reprises question sur ce blog, Iaroslv Stetsko « qui a déclaré que tous les Juifs devraient être détruits », Bohdan Khmelnitsky, chef cosaque du XVIIe siècle « qui a tué 300.000 Juifs ».

Il indique aussi comment le Ministère des Affaires étrangères d’Israël a réagi au défilé de la division SS Galicie, organisé chaque année à Kiev. Et de s’exclamer « Ce sont des ordures. C’est un régime néo-nazi ». Ce à quoi la journaliste qui l’interview rétorque « Je vous demanderais de parler un peu moins durement ».

Et le rabbin d’enchaîner « Je dis cela parce que la moitié de ma famille a été tuée par les Bandera et les Petliuristes avec les progroms. Et ce sont les héros de l’Ukraine. Ils érigent des monuments en leur honneur, ils donnent leur nom à des rues. Et ce n’est pas de la propagande russe. Ce sont les mots du ministère israélien des Affaires étrangères. »

Je vous invite à découvrir la conclusion de cet entretien ici. Et si vous souhaitez un autre point de vue, lisez cet article du Times of Israël. Vous aurez ainsi de quoi vous faire une idée peut-être un peu moins orientée que celle que vos médias de référence s’appliquent à rendre vôtre.

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1  221  932 vues pour cette chanson qui arme les coeurs des Ukrainiens…

Voici une chanson très populaire en Ukraine. Elle célèbre « le père », Bandera.

Pour qui ignorerait toujours qui est Bandera, ce « père », il s’agit du héros au nom duquel une des grandes avenues de Kiev a été rebaptisée. Il en avait été question à plusieurs reprises, sur ce blog.

Si ces divers sujets vous ont échappé, lisez-les, vous en serez d’autant moins ignorants ensuite et ne pourrez plus dire que vous « ne saviez pas ». Sauf à lire Le Figaro, expert à l’appui, pour banaliser, aseptiser le personnage et le rendre ainsi acceptable.

Extraordinaire comme de ce Nazi avéré mais qui, à l’évidence gêne aux entournures l’image que l’Occident anti-russe voudrait lui donner, on parvient par un tour de passe-passe, à le dissocier de la funeste et criminelle idéologie qu’il incarne.

Référez-vous à Wikipedia, elle vous en dira davantage!

Comme cet extrait, assez éloquent pour qui n’a pas le courage de lire tout ce qui concerne ce personnage: « Du  au  a lieu un important massacre de Juifs à Lviv. Les Einsatzgruppen organisent les attaques avec l’aide des unités paramilitaires ukrainiennes pro-nazies menées par Stepan Bandera. »

Et donc, maintenant, en sons et en images, la chanson qui célèbre ce héros, ce « père », dont voici les paroles traduites en français:

Notre père est Bandera, l’Ukraine est une mère,
Nous nous battrons pour l’Ukraine ! | (2)

Oh, dans les bois, les bois, sous le chêne vert,
Là gît un rebelle grièvement blessé. | (2)

Oh, il est allongé, il est allongé, souffre de grands tourments,
Sans le pied gauche, sans la main droite. | (2)

Quand sa mère est venue vers lui,
Elle pleure et pleure, elle a de la peine pour lui.

Oh, mon fils, mon fils, tu as déjà gagné,
Il s’est retrouvé sans poignet droit, sans jambe.

Nos mères, mères, ne nous pleurez pas,
Ne pleure pas pour nous avec des larmes amères. | (2)

Notre père est Bandera, l’Ukraine est une mère,
Nous nous battrons pour l’Ukraine ! | (2)

Et nous vivions en désaccord avec les Moscovites,
Nous avons rejoint la bataille contre Piter lui-même.

Les Moscovites ont fui jusqu’à ce qu’ils perdent leurs chaussures,
Et nos coups ont été tirés sur eux. | (2)

Notre père est Bandera, l’Ukraine est une mère,
Nous nous battrons pour l’Ukraine ! | (2)

Oh, comment une mère a enterré son fils
Elle a écrit les mots sur sa tombe. | (2)

Sur sa tombe, elle a écrit :
Gloire à l’Ukraine! Gloire à tous les héros ! | (2)

 

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Continuer de parler d’une guerre qui clive…

Aucune guerre n’est propre, aucune guerre ne se livre sans que ne coule le sang, sans que l’exil ne s’y ajoute, sans que la destruction massive ne s’en mêle. Ces évidences rappelées, je remercie toutes celles et ceux qui ont su saisir le sens de mon approche.

Elle n’est pas de soutenir un camp pour en rejeter un autre. Elle est de refuser la diabolisation de la Russie.

Elle est d’afficher mon amour de ce pays qui n’a pas changé d’un iota depuis l’âge de 15 ans où l’envie d’en apprendre la langue m’a déterminée à m’inscrire à la faculté des Lettres de l’Université de Genève pour en étudier la culture et l’Histoire.

C’était en 1972, oui, je suis consciente de me répéter et c’est à dessein que je m’y emploie.

Parce que le zèle avec lequel la plus grande partie de nos élites politico-médiatico-intellectuelles se positionne pour soutenir un pays contre l’autre, en l’occurrence, l’Ukraine contre la Russie, relève du parti pris quand ce n’est pas de l’ignorance ou de la malhonnêteté.

Car j’aimerais qu’on m’explique comment des victimes du nazisme peuvent fermer les yeux sur le fait que l’une des principales artères de Kiev ait été rebaptisée en 2016 du nom de Stepan Bandera. Savez-vous qui est cet homme? A en croire le quotidien 20 minutes, François Asselineau l’aurait expliqué.

Et alors, le journal de se fendre d’un appel à la prudence… A chacune et à chacun de vous d’en conclure ce qui vous convient d’autant de contorsions pour nous faire passer une réalité qui, comment dire, ne devrait pas déranger plus que cela.