Nous marchons vers la guerre comme des somnambules.
J’emprunte cette image au titre du livre de l’historien australien Christopher Clark sur les causes de la Première Guerre mondiale: Les Somnambules, été 1914: comment l’Europe a marché vers la guerre.
«Le déclenchement de la guerre de 14-18, écrit-il, n’est pas un roman d’Agatha Christie (…) Il n’y a pas d’arme du crime dans cette histoire, ou plutôt il y a en a une pour chaque personnage principal. Vu sous cet angle, le déclenchement de la guerre n’a pas été un crime, mais une tragédie.» En 1914, aucun dirigeant européen n’était dément, aucun ne voulait une guerre mondiale qui ferait vingt millions de morts mais, tous ensemble, ils l’ont déclenchée. Et au moment du traité de Versailles aucun ne voulait une autre guerre mondiale qui ferait soixante millions de morts mais, tous ensemble, ils ont quand même armé la machine infernale qui allait y conduire.
Dès le 7 septembre 1914, après seulement un mois de guerre, le chef du grand état-major allemand qui avait tant plaidé pour que l’Allemagne attaquât avant d’être attaquée écrivait à sa femme: «Quels torrents de sang ont coulé (…) j’ai l’impression que je suis responsable de toutes ces horreurs et pourtant je ne pouvais agir autrement.»
«Je ne pouvais agir autrement»: tout était dit sur l’engrenage qui mène à la guerre. Engrenage qui est d’abord celui par lequel chaque peuple se met à prêter à l’autre ses propres arrière-pensées, ses desseins inavoués, les sentiments que lui-même éprouve à son égard. C’est bien ce que fait aujourd’hui l’Occident vis-à-vis de la Russie et c’est bien ce que fait la Russie vis-à-vis de l’Occident. L’Occident s’est convaincu que si la Russie gagnait en Ukraine, elle n’aurait plus de limite dans sa volonté de domination. À l’inverse, la Russie s’est convaincue que si l’Occident faisait basculer l’Ukraine dans son camp, ce serait lui qui ne contiendrait plus son ambition hégémonique.
En étendant l’Otan à tous les anciens pays de l’Est jusqu’aux pays Baltes, en transformant l’Alliance atlantique en alliance anti-Russe, en repoussant les frontières de l’Union européenne jusqu’à celles de la Russie, les États-Unis et l’Union européenne ont réveillé chez les Russes le sentiment d’encerclement qui a été à l’origine de tant de guerres européennes. Le soutien occidental à la révolution de Maïdan, en 2014, contre un gouvernement ukrainien prorusse a été la preuve pour les Russes que leurs craintes étaient fondées. L’annexion de la Crimée par la Russie et son soutien aux séparatistes du Donbass ont à leur tour donné à l’Occident le sentiment que la menace russe était réelle et qu’il fallait armer l’Ukraine, ce qui persuada la Russie un peu plus que l’Occident la menaçait. L’accord de partenariat stratégique conclu entre les États-Unis et l’Ukraine le 10 novembre 2021, scellant une alliance des deux pays dirigée explicitement contre la Russie et promettant l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan, a achevé de convaincre la Russie qu’elle devait attaquer avant que l’adversaire supposé soit en mesure de le faire. C’est l’engrenage de 1914 dans toute son effrayante pureté.
Comme toujours, c’est dans les mentalités, l’imaginaire et la psychologie des peuples, qu’il faut en chercher l’origine. Comment la Pologne, quatre fois démembrée, quatre fois partagée en trois siècles, comment la Lituanie annexée deux siècles durant à la Russie, la Finlande amputée en 1939, comment tous les pays qui ont vécu un demi-siècle sous le joug soviétique ne seraient-ils pas angoissés à la première menace qui pointe à l’Est? Et de son côté, comment la Russie, qui a dû si souvent se battre pour contenir la poussée de l’Occident vers l’Est et qui est déchirée depuis des siècles entre sa fascination et sa répulsion pour la civilisation occidentale, pourrait-elle ne pas éprouver une angoisse existentielle face à une Ukraine en train de devenir la tête de pont de l’occidentalisation du monde russe? «Ce ne sont pas les différences, mais leur perte qui entraîne la rivalité démente, la lutte à outrance entre les hommes» dit René Girard. Menacer ce par quoi le Russe veut rester russe, n’est-ce pas prendre le risque de cette «rivalité démente»?
L’Occident voit trop la nostalgie de l’URSS et pas assez, le slavophilisme, c’est-à-dire la Russie éternelle telle qu’elle se pense avec ses mythes. Alexandre Koyré a consacré un livre profond (1), à ce courant dont sont nées la grande littérature et la conscience nationale russes au début du XIXe siècle quand «le nationalisme instinctif aidant, un nationalisme conscient avait fini par voir entre la Russie et l’Occident une opposition d’essence». Le slavophilisme, ce sentiment de supériorité spirituelle et morale face à l’Occident, est dans le cri du cœur de Soljenitsyne devant les étudiants de Harvard en 1978: «Non, je ne prendrais pas votre société comme modèle pour la transformation de la mienne.» Cette Russie-là ne voit peut-être pas la guerre en Ukraine comme une guerre d’invasion mais comme une guerre de sécession. Sécession du berceau du monde russe, de la terre où s’est joué tant de fois le sort de la Russie, où elle a repoussé les Polonais et les armées de Hitler. Sécession politique, culturelle et même spirituelle depuis qu’en 2018 l’Église orthodoxe ukrainienne s’est affranchie de la tutelle du patriarcat de Moscou. Et les guerres de sécession sont les pires.
Une chose en tout cas est certaine: cette guerre est, à travers l’Ukraine martyrisée, une guerre entre l’Occident et la Russie qui peut déboucher sur un affrontement direct par une escalade incontrôlée. La guerre, c’est, depuis toujours, la libération de tout ce qu’il y a dans la nature humaine de sauvagerie et d’instinct meurtrier, une montée aux extrêmes qui finit toujours par emporter malgré eux les combattants comme les dirigeants. Ni Churchill, ni Roosevelt, n’avaient pensé qu’un jour ils ordonneraient de bombarder massivement les villes allemandes pour casser le moral de la population, ni Truman qu’il finirait en 1945 par recourir à la bombe atomique pour casser la résistance japonaise. Kennedy en envoyant quelques centaines de conseillers militaires au Vietnam en 1961 ne pensait pas que huit ans plus tard l’Amérique y engagerait plus d’un demi-million d’hommes, y effectuerait des bombardements massifs au napalm, et serait responsable du massacre de villages entiers.
Si la guerre froide n’a pas débouché sur la troisième guerre mondiale, c’est d’abord parce qu’aucun de ses protagonistes n’a jamais cherché à acculer l’autre. Dans les crises les plus graves, chacun a toujours fait en sorte que l’autre ait une porte de sortie. Aujourd’hui, au contraire, les États-Unis, et leurs alliés, veulent acculer la Russie.
Quand on agite devant elle la perspective de l’adhésion à l’Otan de la Finlande, de la Suède, de la Moldavie et de la Géorgie en plus de celle de l’Ukraine, quand le secrétaire américain à la Défense déclare que les États-Unis «souhaitent voir la Russie affaiblie au point qu’elle ne puisse plus faire le genre de choses qu’elle a faites en envahissant l’Ukraine», quand le président des États-Unis se laisse aller à traiter le président russe de boucher, à déclarer que «pour l’amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester au pouvoir» et demande au Congrès 20 milliards de dollars en plus des 3 milliards et demi déjà dépensés par les États-Unis pour fournir en masse des chars, des avions, des missiles, des canons, des drones aux Ukrainiens, on comprend que la stratégie qui vise à acculer la Russie n’a plus de limite.
Mais elle sous-estime la résilience du peuple russe, comme les Russes ont sous estimé la résilience des Ukrainiens. Acculer la Russie, c’est la pousser à surenchérir dans la violence. Jusqu’où? La guerre totale, chimique, nucléaire? Jusqu’à provoquer une nouvelle guerre froide entre l’Occident et tous ceux qui, dans le monde, se souvenant du Kosovo, de l’Irak, de l’Afghanistan, de la Libye, pensent que si la Russie est acculée, ils le seront aussi parce qu’il n’y aura plus de limite à la tentation hégémonique des États-Unis: l’Inde qui ne condamne pas la Russie et qui pense au Cachemire, la Chine qui dénonce violemment «les politiques coercitives» de l’Occident parce qu’elle sait que si la Russie s’effondre elle se retrouvera en première ligne, le Brésil qui, par la voix de Lula, dit «une guerre n’a jamais un seul responsable», et tous les autres en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique qui refusent de sanctionner la Russie. Tout faire pour acculer la Russie, ce n’est pas sauver l’ordre mondial, c’est le dynamiter. Quand la Russie aura été chassée de toutes les instances internationales et que celles-ci se seront désintégrées comme la SDN au début des années 1930, que restera-t-il de l’ordre mondial?
Trouver un coupable nous conforte dans le bien-fondé de notre attitude, et dans le cas présent, nous en avons un tout désigné, un autocrate impitoyable, incarnation du mal. Mais le bien contre le mal, c’est l’esprit de croisade: «Tuez-les tous et Dieu reconnaîtra les siens.» Au lieu de faire entendre sa voix pour éviter cette folie et arrêter les massacres, l’Union européenne emboîte le pas des États-Unis dans l’escalade de leur guerre par procuration. Mais que feront les Européens et les États-Unis au pied du mur de la guerre totale? Avec les obus nucléaires et les armes nucléaires tactiques de faible puissance, la marche n’est plus si haute. Et après? Après, tout peut arriver: l’engrenage tragique de la violence mimétique que personne n’aurait voulu mais auquel tout le monde aurait contribué et qui pourrait détruire l’Europe et peut-être l’humanité ou la capitulation munichoise des puissances occidentales qui ne voudront peut-être pas risquer le pire pour l’Ukraine, ni même peut-être pour les pays Baltes ou la Pologne. Souvenons-nous de l’avertissement du général de Gaulle en 1966 lors de la sortie du commandement intégré de l’Otan: «La Russie soviétique s’est dotée d’un armement nucléaire capable de frapper directement les États-Unis, ce qui a naturellement rendu pour le moins indéterminées les décisions des Américains, quant à l’emploi éventuel de leur bombe.»
Où est la voix de la France, de ce «vieux pays, d’un vieux continent qui a connu les guerres, l’occupation, la barbarie», qui le 14 février 2003 à l’ONU disait non à la guerre en Irak, qui en 2008 sauvait la Géorgie et s’opposait à l’adhésion de celle-ci et de l’Ukraine à l’Otan et qui plaiderait aujourd’hui pour la neutralisation d’une Ukraine qui n’aurait vocation à n’entrer ni dans l’Otan, ni dans l’Union européenne, en écho à l’avertissement lancé en 2014 par Henry Kissinger: «Si l’Ukraine doit survivre et prospérer, elle ne doit pas être l’avant-poste de l’une des parties contre l’autre. Elle doit être un pont entre elles. L’Occident doit comprendre que pour la Russie l’Ukraine ne pourra jamais être un simple pays étranger.» C’est par sa neutralisation que la Finlande a pu demeurer libre et souveraine entre les deux blocs pendant la guerre froide. C’est par sa neutralisation que l’Autriche est redevenue en 1955 un pays libre et souverain.
Faire aujourd’hui des concessions à la Russie, c’est se plier à la loi du plus fort. N’en faire aucune, c’est se plier à la loi du plus fou. Tragique dilemme. Un dilemme comme celui-ci, vécu dans la Résistance par le poète René Char (2):
«J’ai assisté, distant de quelque cent mètres, à l’exécution de B. Je n’avais qu’à presser la détente du fusil-mitrailleur et il pouvait être sauvé! Nous étions sur les hauteurs de Céreste (…) au moins égaux en nombre aux SS. Eux ignorant que nous étions là. Aux yeux qui imploraient partout autour de moi le signal d’ouvrir le feu, j’ai répondu non de la tête (…) Je n’ai pas donné le signal parce que ce village devait être épargné à tout prix. Qu’est-ce qu’un village? Un village pareil à un autre?» Et nous, que répondrons-nous aux regards qui nous imploreront d’arrêter le malheur quand nous l’aurons fabriqué?
Nous marchons vers la guerre comme des somnambules.
7 Comments
Eh bien laissons le mythe aux mythes et ayons le courage d’affronter la réalité en face.
Excellent article-chapeau, Mme Hélène Richard-Favre que j approuve à 100%, mais qui suis-je pour peser sauf un simple citoyen-lambda!
Néanmoins, la guerre, celle de la 3 ème guerre mondiale appelée par les anglo-saxons WW3. Elle n a pas démarré ces derniers temps mais bel et bien elle a démarré dans les années nonante par les USA/Otan/alliés-serpillières de l UE inclus surtout la France soit dit « pays des Lumières »( sans blague). Depuis les années nonante 30 millions d assassinés ont eu lieu et pays rasés et démolis pour les 50 ans à venir autant en Irak avec 1.5 millions d Irakiens assassinées dont un demi million d enfants de bas âge (merci Bush fils qui confond la la guerre en Ukraine avec celle d Irak pour laquelle ce salaud de criminel de guerre qu on autorise encore à parler en 2022 et pour lequel le TPI s en foute royalement /Libye/Afghanistan/Syrie/Yémen où chaque 10 min un enfant yéménite de bas âge meurt depuis 10 ans à ce jour (faites vos calculs SVP!) et ce n est pas fini…. Doit-on parler des guerres de la France au Tchad, Mali, Centre Afrique, Burkina Fasso,,. etc…
Merci pour cet excellent article! Je ne connaissais qu’en partie les analyses de H. Gaino, grâce à ses émissions radio. Mais je serais un peu moins indulgent que lui sur la question de la politique occidentale: j’ai de plus en plus tendance à croire que les Etats Unis voulaient cette guerre. Affaiblir son concurrent de toujours, créer un merveilleux marché d’armes, et de plus, volonté affichée depuis longtemps, par Brzezinski en particulier, d’arracher l’Ukraine à la sphère d’influence russe, tout ceci me fait penser que Biden n’a peut être pas commis une bévue en disant à l’avance qu’il n’y aurait pas d’envoi de soldats américains, mais que c’était une façon, une de plus, à pousser les Russes à intervenir. J’espère encore que les Européens se réveilleront malgré tout avant qu’il ne soit trop tard.
Adendum à mon texte du 27 mai 21h51
J ai cité les 500 000 enfants de bas âge assassinés en Irak par le criminel de guerre Bush et pour les quels La Secrétaire d’État des États-Unis entre 1997 et 2001 dans l’administration du président Bill Clinton., Mme Madeleine Albright décédée récemment le 22.03.2022, elle avait répondu à un/une journaliste américain stupéfait par le nombre frappant de 1.5 millions irakiens assassinés en Irak par les USA et surtout du nombre hallucinant de 500 00 enfants de bas âge assassinés aussi , elle a répondu à ce/cette journaliste: »Liberty has no price, sic « ! Quelle liberté de m …. et de saloperies! La Statue de la Liberté à New York devrait avoir une pourriture de paralysie irréversible de son bras droit qui porte la Flamme de la Liberté sur le monde entier, soit dit! C est vrai que si le ridicule tue il y aurait des tas de criminels de guerre et des violeurs des Droits de l Humain dont la TPI n a rien ni à secouer ni à branler….
Flamme de la Statue de Liberté à NY= »Liberty Enlightening the World »=Liberté illuminant le Monde (sans blague, banane!)
https://theintercept.com/2022/03/25/madeleine-albright-dead-iraq-war-herbalife/
Je me fais un petit mea culpa quant au lien ci dessus que j ai mis (28 mai 14h09) sur la salope Madeleine Albright car j ai lu après coup ceci. » Cependant, un article de 2017 dans la prestigieuse revue médicale The BMJ démontre, sur la base de multiples enquêtes menées après l’invasion de l’Irak par les États-Unis en 2003, que la flambée des taux de mortalité infantile dans les années 1990 ne s’est pas réellement produite. L’article appelle ces affirmations « un mensonge spectaculaire », basé sur l’hypothèse qu’elles impliquaient une tromperie consciente de la part du personnel irakien qui a participé aux enquêtes des années 1990. .. »
Quelle mauvaise foi de cette prestigieuse revue médicale The BMJ qui contredit le chiffre de 500 000 enfants irakiens assassinés par les USA..
Banane ! un seul enfant mort est déjà de trop, bandes de criminels et des pro.nazis!
Un journal français que je ne nommerai pas soutient les nazis ukrainiens.
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6 minutes 12 secondes:
https://www.youtube.com/watch?v=GmLaD0Q8kMc
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Conclusion: un journal immonde, un de plus.
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Macron et Scholz ont demandé la libération des « évacués » d’Azovstal. Tiens, maintenant ils seraient prisonniers à l’insu de leur plein gré?
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Bref ils demandent de libérer des nazis qui ont commis des crimes contre l’humanité. C’est ce qu’on appelle les valeurs de l’occident. Elles sont pas belles, ces « valeurs »?
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Les assassins seront jugés:
https://www.youtube.com/watch?v=MtNS2yD7Q2A
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Ni Macron ni Scholz ne connaissent le principe de la séparation des pouvoirs. On le savait, on en a confirmation.
J ai trouvé deux perles que j aimerais partager avec Vous:
—La 1ère de Jean Luc Godard qui pousse un cri quant au boycotte des artistes russes à Cannes
Article par par Silvia Cattori.
Godard dit: »Être ukrainien ne devrait pas autoriser la négation de la culture russe. Nous avons été choqués par l’intolérance sectaire des représentants du cinéma ukrainien exigeant l’exclusion de toute personnalité russe du festival de Cannes et s’opposant à la présence du réalisateur russe Kirill Serebrennikov en compétition. »
Source:
https://reseauinternational.net/jean-luc-godard-commente-lintervention-de-zelensky-a-cannes/
—La 2ème perle est celle-là:
https://www.youtube.com/watch?v=jqG5Ksu18Ec
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Bien à Vous et Merci ++++ Mme L Editrice de Voix, Mme Hélène-Richard-Favre
Charles 05