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La liberté de publier la haine

On sait que les appels à la haine sont répréhensibles, me semble-t-il. Ou bien me trompé-je?

Car je m’interroge sur ce commentaire publié sous un article du grand quotidien français Le Monde dont on n’ignore pas les sympathies et les antipathies mais cela le regarde et c’est son droit de les afficher.

En revanche, est-ce tolérable de lire qu’il faut affamer la Russie?

L’article commenté est une tribune signée par le Prix Goncourt 2006, Johathan Littell, écrivain et cinéaste franco-américain.

Entendons-nous, chacune et chacun est libre de s’adresser à ses « chers amis russes ». Savoir s’ils le liront est une autre histoire.

Surtout lorsqu’on découvre, en commentaire, pareille injonction à la famine d’un peuple.

La littérature offre un espace où sont susceptibles de se déployer les abysses et les noirceurs de l’être humain, Jonathan Littell s’y est employé, entre autre dans son ouvrage couronné.

Mais qu’un grand quotidien français rende public ce souhait morbide au peuple russe, en réaction à la tribune de l’écrivain, laisse vraiment perplexe.

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Dans quelles démocraties vivons-nous que la mauvaise foi doublée du mensonge y gouvernent?

Un immense élan de solidarité se manifeste envers les victimes d’une guerre qui ne les concerne sans doute pas quand on sait comment tant de civils, en Ukraine, sont pris en otages de forces armées ou, disons-le, de bataillons dont on sait l’affiliation au nazisme.

Une tout aussi immense émotion s’est emparée de nos élites pour déplorer, que dis-je, accuser un pays de toutes les horreurs possibles et imaginables commises envers un voisin, frère même par les liens du sang qui unit leurs citoyens respectifs.

D’emblée, les bons et les méchants ont été définis, on le sait, on l’a compris.

Mais que l’aveuglement atteigne un tel niveau, nombre de spécialistes se gardent de commenter. Alors même que le problème est là, dans cette cécité effarante et impossible à admettre pour qui reste lucide.

Inutile d’aimer la Russie pour constater comment elle est mise au ban de l’auto-proclamée « communauté internationale ». Il suffit d’observer. Et de constater comment la haine se déverse envers un pays dont si souvent on ignore tout.

Il suffit de mesurer le degré d’hypocrisie qui entoure la présence et l’exaltation de mouvances néo-nazies dont on se contorsionne en commentaires pour les relativiser.

Dans quelles démocraties vivons-nous que la mauvaise foi doublée du mensonge y gouvernent? Hélas, poser la question paraît vraiment de plus en plus y répondre.

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Oural, un journal d’Alapajevsk enquête auprès de la population, questions à Denis Kleschëv

Pour qui suit ce blog, peut-être vous souvenez-vous de cette série d’entretiens que j’avais menés avec Denis KLESCHËV, écrivain, historien des mathématiques, journaliste et membre de la société indienne d’études en indianisme.

J’avais expliqué, ici, la raison pour laquelle il était entré en relation avec moi. Denis KLESCHËV vit à Alapajevsk.

Ce nom résonne, bien sûr, pour qui connaît l’Histoire de la famille impériale russe mais sa renommée ne s’y limite pas, nous avions vu pourquoi – et je vous invite à vous en rappeler car c’est lié à l’Ukraine, à Dnieproperovsk et à l’un de ses oligarques.

Située à près de mille cinq cents kilomètres à l’est de Moscou, Alapajevsk se trouve à un peu plus d’une centaine de kilomètres au nord-est de Iekaterinbourg.

Il y a quelques jours, Denis KLESCHËV m’a demandé s’il pouvait citer, traduit en russe, l’un de mes sujets de blog dans la page du journal où serait aussi publié le résultat d’une enquête d’opinions en relation avec la situation en Ukraine.

Je lui ai donné mon accord. 

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Je lui ai également proposé de répondre à quelques questions.

Denis Kleschëv, vous avez donc réalisé une enquête d’opinion auprès de la population d’Alapajevsk, merci de nous en dire davantage sur les résultats.

Denis KLESCHËV: – Bonjour à tous les lecteurs de votre blog, Hélène! Je pense qu’un échange de vues ouvert est quelque chose qui fait actuellement beaucoup défaut. Nous savons mal ce que les gens ordinaires pensent, donc il y a une perception déformée de la réalité. Dans les réseaux sociaux russes, il y a beaucoup de déclarations agressives à l’adresse de l’opération spéciale pour protéger le Donbass. Les gens sont intimidés et insultés. Par conséquent, nous avons mené une enquête à Alapayevsk pour savoir directement ce que les gens pensent. Nous avons juste pris une caméra vidéo et sommes allés poser des questions dans les rues de la ville. Oui, une partie des personnes interrogées ne soutient catégoriquement pas l’opération militaire (10%). En règle générale, ce sont des personnes dont les parents vivent en Ukraine. Un autre 10-20% des commentaires négatifs sur la hausse des prix dans les magasins. En un mois, les produits ont augmenté de 1,5 fois. Certains ont refusé de commenter la situation (environ 10%). Les autres répondants (60%) se sont prononcés pour une opération spéciale. Je suppose que: en général, cette image correspond au sentiment dans la province russe.

-Et puis aussi, vous m’avez envoyé la photo d’un mémorial soviétique brisé. Comment expliquez-vous cet acte de vandalisme?

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Denis KLESCHËV: -Il est alarmant que parmi les habitants de la Russie, il y ait des groupes qui luttent contre la mémoire historique. Il y avait des vandales qui cassent des plaques sur les mémoriaux des soldats soviétiques. Ce n’est pas l’Ukraine et la Pologne, où un tel vandalisme est élevé au rang de politique officielle de l’état. C’est ce que nous voyons dans l’Oural, qui est appelé le «bord d’appui de la puissance». La propagande ukrainienne pour la haine de la Russie a fui dans l’esprit de certains russes. Si, en Ukraine, le culte du nationalisme ukrainien a été implanté pendant des décennies, le mot «russe» lui-même a été interdit tacitement jusqu’à récemment dans la Fédération de Russie. Nous avons reçu le « stock  » d’un peuple d’une communauté culturelle et historique incertaine, dont l’opinion et l’histoire sont facilement formées de l’extérieur.

Nous avons traversé un tel discours de haine pendant la révolution de 1917 et pendant la guerre civile. Le milieu qui l’a alimenté, ce discours de haine, était à cette époque le prolétariat, détaché de sa terre natale, de son histoire et de sa culture. Nous devons toujours nous rappeler que les tragédies les plus terribles commencent par un changement de conscience, un changement de mémoire historique. Le nouveau « monde numérique » vous permet de changer rapidement la conscience des masses populaires. Maintenant, le terrain fertile pour semer la haine – ce sont les «personnes virtuelles», détachées de la mémoire historique. Dans certaines conditions, c’est bon pour le progrès, mais la destruction des liens mentaux peut conduire à la destruction, non seulement de certains pays, mais aussi à la destruction de la civilisation. C’est la première fois que l’humanité se retrouve dans une situation telle que des manipulations à grande échelle de l’information sont susceptibles de conduire à la mort de la civilisation elle-même.

Denis KLESCHËV, merci d’avoir répondu à mes questions.

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La haine est de sortie mais on le savait…La preuve, en image!

La liste s’allonge des grands esprits analytiques! J’ai l’honneur d’être suivie par un internaute particulièrement perspicace. « Notre fasciste est de sortie on dirait »… commente-t-il en réponse au précédent sujet de ce blog partagé sur le réseau très social qu’est Twitter. 

 Je cherche à consulter le profil de ce savant auteur et découvre ceci:

Au-delà du fait qu’être traitée de « fasciste » est devenu si courant que cela ne veut à peu près rien dire sinon tout dire ou trop dire, vous constaterez que ce réseau ne voit aucun « standard » qui contreviendrait à sa « communauté » pour diffuser la haine anti-russe comme l’indiquent les captures d’écran ci-dessus.

Pour qui souhaite comprendre ce qui est écrit en ukrainien sur ces panneaux photoshopés, la flèche verticale indique: Va te faire foutre,  la flèche vers la gauche indique: Va à nouveau te faire foutre et la flèche vers la droite indique: Baise la Russie.

À préciser encore que, sur un autre réseau social bien connu qui, lui non plus, n’a pas suscité d’émoi au sein de sa « communauté », ce panneau a été retenu comme image de couverture du profil de l’élu valaisan cité dans le précédent sujet de ce blog, Yanick Charvet.

Avouez que cela vaut la peine d’écrire sur la guerre en Ukraine! On fait des découvertes fascinantes. Allez, pour élever un peu le débat, je vous propose cette analyse de l’Universitaire Jean-Robert Raviot.

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La Suisse, neutre et plus, la Suisse, où l’anathème fait figure de portrait.

Après m’être fait qualifier, une fois encore, de « soutien de la politique du Kremlin », j’ai ri et j’ai choqué celui, illustre inconnu qui m’a considérée telle.

Ce Monsieur s’appelle Marat Shargorodsky.

J’ignorais tout de lui avant qu’internet ne m’en dise un peu plus. Lui, en revanche, a sans ambage signalé à Yanick Charvet, politicien qui a ostensiblement affiché sa haine de la Russie, que je n’avais « jamais caché » ma « position très pro-russe », ce qui signe une grossière altération de ce que j’ai indiqué en soulignant où s’ancre mon amour de la Russie.

Ajouté à cet ancien élu Vert de la Ville de Genève qui m’a inspiré la lettre que j’ai adressée à la Directrice de la Maison Rousseau de la littérature, Julien Cart pour ne pas le nommer, j’en conclus que mon profil est perçu de la meilleure manière qui soit.

Et je comprends que pour sa table ronde à laquelle ladite Maison Rousseau de la littérature m’avait invitée avant de me désinviter, je comprends que me préférer une romancière dont l’héroïne est « fascinée par le destin » de Mikahïl Khodorkovski est moins « en décalage ».

Allez demander aux Russes ce qu’ils pensent de cet homme, vous serez fixés. Je le suis, pour ma part.

Je le suis, néanmoins, de la plus triste façon. Car je vivrais dans un pays neutre qui ne l’est soudain plus, je vivrais dans un pays démocratique où la liberté d’expression domine, laquelle, merci de me le préciser, je vivrais dans un pays où l’anathème fait figure de portrait.

Je ne saurais me plaindre quand tant de vies disparaissent dans le champ de ruine qu’est l’Ukraine. Je constate. Et déplore.

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Ukraine 2022… feu l’écrivain Limonov, 1992…

Il a été question, ici, de feu l’écrivain Edouard Limonov, décédé à Moscou le 17 mars 2020, soit il y a juste deux ans.

Édouard Veniaminovitch Limonov, de son vrai nom Savenko, est né le 22 février 1943 à Dzerjinsk. Tout le monde est désormais sans doute en mesure de situer cette ville d’Ukraine.

Limonov quitte l’ex-URSS en 1974 et retourne en Russie en 1991. Trois plus tard, il créée le Parti national-bolchevique, va se battre en Croatie aux côtés des Serbes, puis en Ukraine aux côtés des Russes.

En 1974, lorsqu’il fut contraint d’émigrer, il ne se préoccupait pas encore de politique. Il dit vingt ans plus tard : « Je n’ai jamais protesté ni contre la politique de l’URSS ni contre l’idéologie. La seule chose pour laquelle je me suis battu, c’est pour qu’il y ait plus de libertés pour l’art. »

Emmanuel Carrère lui a consacré un ouvrage. Privé du Prix Goncourt en raison du choix de son personnage, il a tout de même été auréolé du Renaudot.

Qu’on aime ou pas Limonov est une question d’appréciation libre à chacune et chacun.

Mais qu’on ne s’arrête pas sur ses propos tenus en 1992 serait dommage tant ils saisissent. Les voici, je vous propose de les découvrir, ils sont sous-titrés en français.

L’écrivain a été un farouche opposant à Vladimir Poutine. Mais comme nombre de ses compatriotes, il l’a soutenu lors du rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie.

Qui s’est intéressé, ici, à ce qui s’est passé sur place en 2014 sinon pour nous parler de « petits hommes verts »?

Je ne vais pas revenir sur la qualité de l’information qui nous est livrée, même plus jour après jour mais heure par heure sinon minute par minute. Je tiens juste à partager ce qu’a dit l’écrivain.

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Mon amour de la Russie est ancré dans sa culture. Il n’excuse ni ne justifie rien. Mais il y a des faits. Et ces faits sont des réalités. Et ces réalités doivent être connues.

Quelques remarques encore sur ce qui se passe en Ukraine, que le pouvoir russe qualifie d’ « opération spéciale » et que les chancelleries occidentales et leurs médias, dans l’ensemble, considèrent comme guerre.

Dans l’entretien mené avec Jacques Baud, colonel d’Etat-Major et ancien du renseignement suisse, entretien qui a été publié hier sur ce blog, le recours aux termes d’ « opération spéciale » a été expliqué:

Il est indéniable que le sinistre spectacle dont les images nous sont renvoyées, de civils martyrisés est insoutenable.

Tout autant l’a-t-il été, ce sinistre spectacle, pour les civils martyrisés dans le Donbass huit ans durant. Combien d’entre eux n’ont-il tout perdu et combien de nos journalistes s’en sont-ils souciés, nous en avons déjà beaucoup parlé ici.

Mais l’insoutenable est tout autant l’instrumentalisation d’images dont usent et abusent tant de personnalités en vue.

Pour faire passer leur message. Pour faire passer leur credo. Pour convaincre que le bien est là et le mal ici. Pour rassembler derrière elles et galvaniser. Rien de tel ne m’anime.

Mon amour de la Russie, je l’ai écrit et réécrit, est ancré dans sa culture. Il n’excuse rien, ne justifie rien.

Comme nombre d’entre nous, je cherche à comprendre avant de juger, avant de me laisser entraîner par l’émotion qui aveugle et n’entretient que détestation et haine.

Il y a des faits. Et ces faits ont été énoncés dans leur chronologie par Jacques Baud.

Ces faits sont des réalités. Et ces réalités sont décrites et documentées. Les nier contribue à alimenter la dangereuse spirale de désinformation qu’entretiennent de manière éhontée et en dehors de toute éthique journalistique, tant de nos médias.

Et si jamais, question que je pose à qui aurait une réponse, j’aimerais qu’on m’explique la différence entre cette « opération militaire » lancée par l’Arabie Saoudite au Yemen et l’ « opération spéciale » lancée par la Russie en l’Ukraine.

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Ukraine, chronologie des faits, présence de bataillons néo-nazis, maternité de Marioupol, entretien avec Jacques Baud, auteur de « Poutine, maître du jeu? » aux éditions Max Milo.

– Jacques Baud, le 8 septembre 2020, choquée par un article du journaliste Sylvain Besson qui vous était dédié, je vous ai contacté et nous avons initié plusieurs séries d’entretiens ensemble.

Ce 14 mars, vous signez un article pour le Centre Français de Recherche sur le Renseignement – CFRR -, intitulé  « La situation militaire en Ukraine ». Votre propos s’articule en trois parties, « En route vers la guerre », « La guerre » et « Conclusions ». 

Je souhaiterais aborder avec vous trois sujets qui reviennent en boucle sur les réseaux sociaux:  la chronologie des faits qui ont amené à la décision prise le 24 février 2022,  la présence de bataillons néo-nazis en Ukraine et la controverse au sujet de la maternité de Marioupol.

Je rappelle que vous êtes, vous-même, Colonel d’Etat-Major, ancien du renseignement suisse.

-Jacques BAUD: Tout commence le 24 mars 2021. Ce jour-là, Volodymyr Zelensky promulgue un décret pour la reconquête de la Crimée et commence à déployer ses forces vers le Sud du pays. Simultanément, la conduite de plusieurs exercices de l’OTAN entre la mer Noire et la mer Baltique, accompagnés d’un accroissement important des vols de reconnaissance le long de la frontière russe. La Russie, teste alors la disponibilité opérationnelle de ses troupes lors d’exercices afin de montrer qu’elle suit l’évolution de la situation. Cette présence sera interprétée comme une préparation à une invasion. Mais même les Ukrainiens réfutent cette idée, et Oleksiy Reznikov, ministre de la Défense Ukrainien déclare qu’il n’y a pas de changement à sa frontière depuis le printemps. En octobre 2021, en violation des Accords de Minsk, l’Ukraine mène des opérations aériennes à l’aide de drones, contre un dépôt de carburant à Donetsk. Aucun pays occidental ne condamne ces violations.

En février 2022, la tension augmente. Le 7 février, lors de sa visite à Moscou Emmanuel Macron, réaffirme son attachement aux Accords de Minsk, qu’il répète le lendemain lors de sa visite à Volodymyr Zelensky. Mais le 11 février, à Berlin, la réunion des conseillers politiques des dirigeants du « format Normandie » s’achève, sans résultat concret : les Ukrainiens refusent encore et toujours d’appliquer les Accords de Minsk, sous la pression des États-Unis. Vladimir Poutine constate alors que Macron lui a fait des promesses en l’air : comme ils le font depuis 8 ans, les Occidentaux ne veulent pas faire appliquer les Accords, qu’ils ont signés comme membres du Conseil de Sécurité, et dont l’Allemagne et la France sont les garants.

Les préparatifs ukrainiens dans le Donbass continuent. Le Parlement russe s’alarme et, le 15 février, demande à Vladimir Poutine de reconnaître l’indépendance des Républiques, ce qu’il refuse. Le 17 février, le président Joe Biden annonce que la Russie va bientôt attaquer l’Ukraine. Comment le sait-il ? En fait, il sait que depuis le 16 janvier, le pilonnage des populations du Donbass augmente de manière dramatique. On dira plus tard, qu’il s’agit de désinformation russe.

Portant, les rapports journaliers des observateurs de l’OSCE notent cet accroissement brutal, mais ni nos médias, ni l’Union Européenne, ni l’OTAN, ni aucun gouvernement occidental ne réagit et n’intervient : l’Union Européenne et nos pays ont à dessein passé sous silence le massacre des populations du Donbass, sachant que cela provoquerait une intervention russe.

Simultanément, dans le Donbass, des saboteurs équipés de matériel occidental et parlant polonais sont interceptés alors qu’ils tentent un attentat contre des installations chimiques à Gorlivka. S’agit-il des mercenaires de la CIA, conduits ou « conseillés » par des Américains et composés de combattants ukrainiens et européens, pour mener des actions de sabotage dans le Donbass ? On ne le sait pas, mais ils participent à ce qui apparait chaque jour plus clairement comme la première phase d’une offensive ukrainienne majeure.

Dès le 16 février, le pilonnage des populations civiles du Donbass, mettent Vladimir Poutine devant un choix difficile : aider le Donbass militairement et créer un problème international ou rester sans rien faire et regarder les russophones du Donbass se faire écraser.

Le 21 février, il accède donc à la demande de la Douma et reconnaît l’indépendance des deux Républiques du Donbass. Dans la foulée, il signe avec elles des traités d’amitié et d’assistance, qui sont ratifiés par les Parlements des Républiques et de la Russie. Les bombardements de l’artillerie ukrainienne sur les populations du Donbass se poursuivent et, le 23 février, les deux Républiques demandent l’aide militaire de la Russie.

Le 24 février, Vladimir Poutine invoque l’article 51 de la Charte des Nations Unies qui prévoit l’entraide militaire dans le cadre d’une alliance défensive. En fait, la guerre a commencé le 16 février, c’est pourquoi Vladimir Poutine utilise le terme « opération » , car il s’agit de répondre à des hostilités qui ont déjà débuté. Nous disons qu’il a déclenché une « guerre », parce que nous cachons délibérément ce qui s’est passé avant qu’il prenne sa décision.

C’est également pourquoi, le fait de parler de « guerre » est considéré par la Russie comme de la désinformation : la légitimité de vouloir intervenir au profit d’une population bombardée, disparait si on cache les bombardements. Or, certains services de renseignements occidentaux savaient pertinemment que l’armée ukrainienne s’apprêtait à attaquer le Donbass dès 2021….

Pourquoi cette décision de Vladimir Poutine ?

Pratiquement tous les experts sérieux (y compris les services de renseignements allemands, américains et ukrainiens) s’accordent pour dire que Vladimir Poutine n’envisageait pas une intervention en Ukraine avant la mi-février 2022. Tout change – comme nous l’avons vu – avec le début des frappes sur les populations du Donbass. À ce stade, comme il l’explique dans son allocution  du 21 février, Vladimir Poutine sait que quelle que soit sa nature ou son ampleur, son opération déclenchera une pluie de sanctions : qu’elle soit limitée à une assistance à la défense du Donbass ou qu’elle aille plus loin pour atteindre des objectifs plus politiques, le prix à payer sera le même.

Dans son allocution du 24 février, Vladimir Poutine énonce ses deux objectifs : « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine. Il ne s’agit donc ni de s’emparer de l’Ukraine, ni même, vraisemblablement de l’occuper et certainement pas de la détruire.

L’objectif de « démilitarisation » consiste à neutraliser la menace militaire ukrainienne sur les populations du Donbass et de Crimée. Elle comprend destruction des infrastructures aériennes et de commandement dans la profondeur du territoire et la neutralisation des forces armées ukrainiennes massées au sud-est du pays. C’est bien parce que l’armée ukrainienne s’apprêtait à attaquer le Donbass qu’elle se trouve aujourd’hui totalement encerclée dans le sud du pays. C’est pourquoi la défense que l’on observe dans d’autres parties du pays, et qui est célébrée dans nos médias est aujourd’hui essentiellement portée par les paramilitaires.

L’objectif de « dénazification » vise à la neutralisation des milices paramilitaires de la Garde Nationale qui se sont rendues coupables d’une multitude de crimes contre les populations russophones depuis 2014. Aujourd’hui ces milices sont essentiellement opérationnelles dans les villes.

Les milices paramilitaires ont été intégrées dans les forces ukrainiennes en 2014. A ce stade, les jeunes ukrainiens ne sont plus motivés pour combattre leurs compatriotes russophones. Les jeunes refusent d’aller se faire recruter et préfèrent émigrer en Europe. L’état des forces ukrainiennes est déplorable. En novembre 2018, après 4 ans de guerre dans le Donbass, l’Ukraine avait perdu 4 619 militaires, parmi les quels, selon le procureur militaire ukrainien en chef Anatoly Matios, 2700 hommes hors des combats : 891 de maladies, 615 de suicides 318 d’accidents de la route, 228 de meurtres, 177 d’autres accidents, 175 d’empoisonnements (alcool, drogue), 172 de manipulations d’armes imprudentes, 101 d’infractions aux règles de sécurité.

C’est pourquoi, le gouvernement ukrainien a entrepris de compléter son armée par des paramilitaires. Ceux-ci sont composés de milices ultra-nationalistes venant de la partie occidentale de l’Ukraine (Lviv) sont plus combatives que le soldat ukrainien « moyen ». Elle représentent – selon Reuters – environ 102000 hommes. Parmi la multitude de groupes, le plus connu est le régiment AZOV. Soutenu, financé et armé par les Américains, le groupe a été impliqué dans les émeutes racistes de Charlottesville aux États-Unis en 2017. On est alors en plein mandat de Donald Trump et AZOV est interdit sur Facebook en raison de son discours de haine. Il est comme les autres milices paramilitaires ukrainiennes : violent, ultra-nationaliste, raciste et antisémite et le magazine Newsweek l’assimile à l’État Islamique. Mais aujourd’hui, selon nos médias, ces caractéristiques ne sont que de la propagande russe. C’est pourquoi, Facebook autorise à nouveau de le célébrer, ainsi qu’à assassiner des militaires russes.

Naturellement, les Occidentaux qui défendent des idées d’extrême droite et l’antisémitisme tentent de minimiser le caractère extrémiste de ces milices, qui inquiètent quand même Israël, qui vient de modifier sa politique d’asile à l’égard des Ukrainiens et leur réclame désormais un visa… Voilà pour nos belles valeurs européennes…

Car ces milices sont dangereuses, mais aussi dangereusement soutenues par nos médias et l’Occident en général. Largement composées d’étrangers, elles n’ont pas beaucoup d’empathie pour les populations civiles qu’elles sont censées défendre, d’autant plus que les populations de Marioupol, Odessa ou Kharkov sont essentiellement russophones. Autrement dit : de la chair à canon pour ces miliciens qui cherchent surtout à éviter d’être traduits devant la justice pour les crimes qu’ils ont commis. C’est la raison pour laquelle, ils passent à tabac les civils qui voudraient quitter Marioupol et refusent les couloirs humanitaires, en expliquant que ces couloirs mènent vers des territoires contrôlés par la Russie. Ce que nos médias ne nous disent pas est que les populations en question (qui devraient être) évacuées sont russophones et qu’il s’agit de les protéger de la vindicte des Ukrainiens.

Ainsi, le bombardement de la maternité de Marioupol le 9 mars a fait couler beaucoup d’encre. Ce que ne nous ont pas dit les médias, est que l’ambassade russe de l’ONU à New York avait informé le Conseil de Sécurité le 7 mars, que cette maternité avait été prise par la milice d’extrême droite Azov et que ses occupants civils avaient été chassés. Le lendemain, le média russe indépendant Lenta.ru avait rapporté que les civils et le personnel de l’hôpital avait été chassé à la pointe du fusil. Mais, personne en Europe n’a protesté. En revanche, nos médias ont naturellement soigneusement caché que l’hôpital était occupé par des milices, afin de clamer un crime de guerre. Voilà pour l’intégrité de ceux vivent du sang des autres…

Faire tomber un pluie de sanctions sur le peuple russe ne fait que mettre en évidence les crimes que nous n’avons pas sanctionnés et donc acceptés. Au 7 mars 2022, la Suisse était le pays qui avait le plus sanctionné la Russie, mais dont les diplomates corrompus ont laissé délibérément la guerre se développer dans le Donbass depuis 2014, ont refusé de condamner et de sanctionner les exactions contre les populations civiles du Donbass. Bref, on répète les mêmes erreurs qu’en 1936-1939 : c’est bon pour les carrières, mais pas pour l’honneur…

-Jacques Baud, merci beaucoup de ces éclairages importants au vu de la désinformation qui domine le paysage médiatique dans son large ensemble, hélas. Et puis, comme l’indique l’illustration de ce sujet, je signale que vous publiez, ce jour aux Editons Max Milo, « Poutine: maître du jeu ? »

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La mort frappe Donetsk, martyre de Kiev

L’horreur à l’état brut, vous voulez la voir? Alors je vous en prie, ne venez plus raconter que les uns sont les gentils et les autres les méchants.

Ce reportage est insoutenable.

Mais il faut le visionner pour mesurer ce qui se passe à quelques centaines de kilomètres de chez nous et que nos médias dits mainstream nous montrent  à si petites doses.

Normal, cela pourrait choquer.

Des civils qui meurent à Dontesk, ville du Donbass dont personne ou si peu savaient que cette région du Sud Est de l’Ukraine existait avant que le monde entier ne se déchaîne sur la Russie et son Président.

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Détresse

Je souhaite partager avec vous la détresse de la reporter française Anne-Laure Bonnel. Je vous prie de visionner sa vidéo de 3’44. Elle ne cache rien. Ni la réalité d’une guerre qu’elle filme au quotidien, ni son immense amertume et c’est encore très peu dire.

Vous comprendrez, alors peut-être, pourquoi je me suis tant mobilisée depuis huit ans sur ce blog.

Mais une personne de mes contacts sur un réseau social bien connu commente cette vidéo ainsi: « J’ai de la famille à Kramatorsk et Donetsk. Ce sont des troupes russes qui ont détruit Donbass. Poutine a préparé cette guerre depuis très longtemps et s’était servi du Donbass malheureusement ».

Alors, Chères amies et Chers amis, vous mesurerez à quel point il est complexe de poursuivre pareil engagement en faveur de victimes dont le sort a si peu concerné nos médias alors qu’il est ainsi perçu par cette personne de mes contacts. Je ne la connais pas. Je ne puis savoir  si elle dit vrai ou faux.

Quoi qu’il en soit, je comprends que si un jour on apprend la ou les véritables raisons qui ont déclenché cette boucherie en Ukraine, on ne sera fixé que sur ce que l’on n’ignore plus de très longue date, la propension au cynisme absolu.

Une profonde tristesse m’envahit. Et pas que depuis le 24 février.