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Suite des entretiens avec Jacques BAUD sur ce terme très en vogue de « conspirationnisme » …

Jacques BAUD: -On associe souvent le conspirationnisme au populisme ou à l’extrême-droite. C’est souvent vrai, mais notre perspective est généralement faussée par l’absence de rigueur pour définir le « conspirationnisme » : la soi-disante lutte contre le conspirationnisme devient donc un instrument d’influence. Ainsi, en 2017 et 2019, la Fondation Jean-Jaurès (en collaboration avec l’IFOP et Conspiracy Watch) a publié deux enquêtes sur l’adhésion aux théories du complot dans la population française. La particularité de ces enquêtes est d’associer des questions d’importance mineure – comme la mort de Lady Di, la platitude de la terre ou le fait que les Américains ne seraient pas allés sur la lune – avec « l’importance accordée au fait de vivre en démocratie ».

La conception même des enquêtes fait que l’interprétation des résultats est problématique. Ainsi, le fait d’approuver l’affirmation « Les Illuminati sont une organisation secrète qui cherche à manipuler la population » n’implique pas nécessairement que l’on croie qu’ils le fassent effectivement. Pourtant le magazine Le Point – et… Le Temps ! – n’hésite pas à en tirer la conclusion qu’ « un Français sur quatre pense que les Illuminati nous manipulent ». C’est évidemment un mensonge : « chercher à » ne signifie pas qu’on le fait et le « nous » est une précision que la question initiale n’évoquait pas du tout. En l’occurrence, Le Point serait plutôt « complotiste » ! Par ailleurs, les questions elles-mêmes induisent en erreur. Par exemple, on demande de se prononcer sur la proposition « Seule une poignée d’initiés est capable de décrypter les signes de complot qui ont été inscrits sur les billets de banque, les logos de marques célèbres ou dans des clips musicaux ». Ainsi, on affirme que des « signes de complot […] ont été inscrits » sur les billets de banque ; il est dès lors logique de penser que seuls les initiés peuvent les comprendre. Pour avoir une réponse pertinente, il aurait fallu demander si l’ « on croit que des signes ont été inscrits… ».

Les auteurs de ces études jouent sur les ambiguïtés pour faire apparaitre des « théories complotistes », dans le but d’établir une corrélation entre l’adhésion à une « théorie du complot » et le doute sur la démocratie. Ainsi, l’affirmation « Le trafic de drogue international est en réalité contrôlé par la CIA » est très probablement fausse exprimée de cette manière ; mais elle n’est pas sans lien avec la réalité. Déjà en 1993, le New York Times affirmait que les liens entre la CIA et le trafic de drogue remontaient à la création de l’agence. Car la CIA a effectivement été – et reste – impliquée dans de nombreux trafics de drogue. À la fin des années 40, en échange de la lutte contre les syndicats communistes à Marseille, la CIA avait permis aux mafias italienne et corse de poursuivre leurs trafics de drogue : c’est la célèbre « French connection ». Plus tard, en Indochine, s’inspirant de la stratégie du SDECE français, qui avait financé la production et la distribution de drogue pour obtenir le soutien des tribus Hmong (Opération X), la CIA a effectivement soutenu les producteurs d’opium du « Triangle d’Or » dans les années 1960 – 1970 (Opération PAPER), afin de créer un rempart contre la progression du communisme dans le Sud-Est asiatique et organisé les transports de drogue. En Amérique latine, la CIA a appliqué la même stratégie en soutenant les producteurs de coca afin de contrer l’implantation de maquis marxistes… avant de se retourner contre eux après l’échec des guérillas communistes En Afghanistan, sous le gouvernement des Talibans, la production d’opium avait été réduite un minimum historique de  74 tonnes en octobre 2001, mais 17 ans après le début de l’intervention occidentale à la fin 2018, elle atteignait 6 400 tonnes, soit 82% de la production mondiale. Malgré que l’éradication de la production de drogue ait été l’un des objectifs de leur intervention en Afghanistan , les Occidentaux ont été incapables de lui trouver une alternative. En fait, les Américains et l’OTAN ont fermé les yeux et même protégé cette culture illicite afin d’éviter que les seigneurs de la guerre locaux ne s’allient avec les Taliban. En 2010, l’OTAN a même refusé une offre russe pour éradiquer les plantations d’opium.

Ainsi, affirmer que le trafic de drogue international est « contrôlé par la CIA », est certainement une affirmation fausse, mais douter de l’éthique des États-Unis et d’institutions internationales à ce propos est loin d’être irrationnel !

De même, l’affirmation « certaines traînées blanches créées par le passage des avions dans le ciel sont composées de produits chimiques délibérément répandus pour des raisons tenues secrètes » est très certainement fausse aujourd’hui, mais les craintes qu’elle reflète est aussi basée sur des faits réels. Les 26-27 septembre 1950, la marine américaine a disséminé secrètement des agents biologiques au-dessus de la baie de San Francisco (Opération SEA SPRAY) afin de tester la vulnérabilité d’une zone urbaine. L’opération ne sera dévoilée qu’en 1976, mais elle a été reproduite dans d’autres pays, notamment en Grande-Bretagne au début des années 1970 . En 1977, l’armée américaine confessera avoir mené 239 expériences de dissémination d’agents biologiques sur des populations entre 1949 et 1969 . A l’évidence, les trainées que l’on peut voir aujourd’hui dans le ciel derrière les avions (« contrails ») sont un phénomène physique qui n’a aucun lien avec des armes chimiques, et il est très improbable que de telles expériences soient encore menées de nos jours; mais, les craindre n’est donc pas totalement irrationnel non plus. Le problème ici est que ceux qui cherchent à « débunker » ces théories complotistes le font mal : au lieu d’expliquer l’origine de cette crainte et rationnaliser la question, il y répondent de manière dogmatique, notamment, comme le fait Le Temps, en accusant ceux qui y croient de « défiance envers la démocratie ». Or c’est précisément cette opacité dans le « débunkage » qui contribue au développement de théories complotistes.

Les outils mis en place par certains médias sont eux-mêmes devenus des outils d’influence… et de désinformation. Car finalement, le terme « conspirationnisme » ou « complotisme » ne finit par être utilisé seulement pour discréditer une opinion divergente. En mars 2013, la passe d’arme entre Patrick Cohen et Fréderic Taddeï sur France 5 illustre la tendance actuelle d’exploiter le « complotisme » pour y adosser une forme de censure et imposer un discours officiel. Patrick Cohen défend l’approche de filtrer les opinions venant de « cerveaux malades » dans les médias publics, car on n’a pas le droit de penser ce que l’on veut.

François Asselineau, candidat à la présidentielle de 2017, dérange : sa connaissance des dossiers, la solide argumentation qu’il a développée contre l’UE, l’Euro et l’OTAN en ont fait un adversaire redouté au plan politique et sur les plateaux de télévision, même si son audience reste modeste. N’hésitant pas à mettre le doigt sur les détails qui dérangent nos préjugés, il est souvent qualifié de « complotiste » par la presse. Il affirme, entre autres, que la construction de l’Europe était initialement un projet américain et que le Dalaï Lama était un agent de la CIA. Or, bien que le mot « agent » est impropre, (car techniquement, le Dalaï Lama n’a jamais été un « employé » de la CIA, mais plutôt une « ressource » (en anglais : asset), le Dalaï Lama et son mouvement ont bel et bien été soutenus par l’ «Agence » dès l’annexion du Tibet par la Chine, en 1950 . La CIA l’exfiltre de Chine en mars 1959, arme et finance les mouvements de résistance qui lui sont fidèles aux confins du Népal et de l’Inde jusqu’au début des années 70 (avec le rapprochement entre le gouvernement Nixon et la Chine). Mais le soutien aux mouvements tibétains s’est poursuivi dans le cadre des « révolutions de couleur » à travers des institutions et fondations financées par le gouvernement américain. Évidemment, l’association entre un guide spirituel respecté et une agence d’espionnage nous choque et nous tendons à la qualifier de « complotiste ». Mais c’est ignorer que le Dalaï-Lama est une des clés de la légitimité de l’autorité de la Chine dans cette province turbulente et qu’elle a tenté d’imposer « son propre » dalaï-lama : l’enjeu est ici stratégique, plus que spirituel.

De même, les Européens n’aiment pas beaucoup l’idée que « leur » Europe ait été façonnée par les États-Unis et la CIA. C’est pourtant vrai ! En 1945, l’Union soviétique fait face à une Europe exsangue et très affaiblie sur tous les plans. Les États-Unis comprennent que les rivalités qui avaient conduit aux deux guerres mondiales pourraient faire le jeu de l’URSS dans un nouveau conflit. Ce risque est d’autant plus grand que la libération de l’Europe s’est largement appuyée sur les maquis communistes (comme en France et en Italie), qui entretiennent des liens étroits avec Moscou. Les Américains cherchent donc à favoriser en Europe un paysage politique resserré sur le centre, et débarrassé des extrêmes de droite comme de gauche. C’est la raison pour laquelle la CIA financera le syndicat Force Ouvrière en France dès 1948 (pour « casser » l’influence soviétique dans le mouvement syndical ) et la Démocratie Chrétienne en Italie, afin de contrer le puissant parti communiste aux élections de 1948. Entre 1947 et 1953, la CIA aurait versé plus d’un million de dollar au Mouvement Européen britannique . En 1975, lors du référendum pour le maintien (ou non) de la Grande-Bretagne dans la Communauté Economique Européenne (CEE), la CIA soutien financièrement le mouvement en faveur du « oui » . Une ingérence bien avant la Russie… mais avérée, celle-là !

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Nouveaux entretiens avec Jacques BAUD sur complotisme et complots

Jacques Baud, nous avons largement évoqué le complotisme mais pourtant, des complots existent. Comment distinguez-vous le complotisme de l’identification de complots réels?

Jacques BAUD:– Comme nous l’avons vu, le conspirationnisme consiste à voir – pour un événement particulier – l’enchaînement de faits comme un phénomène construit et volontaire afin de poursuivre un objectif déterminé (souvent peu avouable). Par exemple, le fait d’affirmer que le gouvernement russe a tenté d’empoisonner Navalny (ou Skripal) est typiquement conspirationniste: on sait que Navalny est un opposant, on sait qu’il a été empoisonné, on a retrouvé des traces de « Novitchok » et on sait que la Russie est l’un des pays où le Novitchok a été synthétisé; mais le fait d’établir un lien univoque entre ces éléments pour affirmer qu’il s’agit d’une opération du gouvernement russe relève de la construction intellectuelle. D’ailleurs, le communiqué du gouvernement allemand n’accuse pas la Russie et se borne à demander des explications.

Ces liens artificiels ne peuvent souvent être élaborés qu’en excluant d’autres possibilités (par exemple, la possibilité que Navalny ait été empoisonné par l’une des nombreuses personnes corrompues contre lesquelles il lutte et qui sont liées à la mafia). L’exclusion de ces autres possibilités relève le plus souvent du négationnisme. Par exemple:

Ce ne sont que deux exemples de leurs jugements basés sur des éléments tronqués et qu’Hannah Arendt appelait « défactualisation », qui illustrent une caractéristique centrale du complotisme : attribuer une cause unique à des faits avérés.

Le complotisme est moins lié à ce que l’on pense, qu’à la manière dont on construit sa pensée. Lorsque cette dernière est construite en fonction d’une posture idéologique, elle tend à chercher à confirmer une conclusion préétablie. C’est le problème de la majorité des « fact-checkers » et de ceux qui prétendent lutter contre le complotisme: bien souvent, ils finissent par substituer un complotisme à un autre. La lutte contre le complotisme, lorsqu’elle n’est pas faite sérieusement, n’est rien d’autre qu’une manière de manipuler l’opinion. Le complotisme n’est pas simplement le fait d’envisager des hypothèses dans une situation où la réalité n’est pas claire, mais lorsqu’on tente d’imposer l’une d’entre elles.

Nous avons déjà évoqué le quotidien Le Temps dans le contexte du complotisme. Le 22 octobre, relatant une conférence de presse de John Ratcliffe, Directeur du Renseignement National (DNI) américain, ce quotidien suisse, qui se veut être la référence suisse du journalisme de qualité, déclare que la Russie et l’Iran ont entrepris des actions pour influencer la présidentielle du 3 novembre. Pourtant, rapportant le même événement, Reuters affirme qu’ « il n’y a aucune preuve concluante » de cette accusation, tandis que selon le Washington Post, les métadonnées recueillies à partir des e-mails ont montré l’utilisation de serveurs en Arabie saoudite, en Estonie, à Singapour et aux Émirats arabes unis. Certes, le quotidien suisse ne fait que relater une conférence de presse, mais on note que le quotidien n’a pas la même « assiduité » pour relater que John Ratcliffe a déclassifié des documents en septembre 2020, qui tendent à montrer que « l’ingérence » russe lors de la présidentielle de 2016 était – en réalité – le fait des Démocrates, qui cherchaient à engager une procédure de destitution contre Trump… C’est cette absence de rigueur dans l’application d’une déontologie journalistique qui ouvre la porte au conspirationnisme.
Ainsi, ceux qui sont très prompts à dénoncer le « conspirationnisme » son-ils souvent les mêmes qui tendent à influencer l’opinion en fonction de leurs propres préjugés.

Le conspirationnisme est généralement associé au développement des réseaux sociaux. C’est très partiellement vrai, mais c’est souvent une illusion d’optique: la plupart des « théories du complot » « sérieuses » que l’on évoque habituellement sont très antérieures aux médias modernes et aux réseaux sociaux. Internet n’est pas seulement un moyen de propager des fausses nouvelles, mais aussi un outil pour les neutraliser… à condition d’être bien utilisé! Avant 1990, 80% des Américains considéraient l’assassinat de Kennedy comme un complot, mais ils ne sont aujourd’hui que 60% . En fait, la majeure partie des théories complotistes circulent entre « convaincus ». L’émergence de théories alternatives a le plus souvent son origine dans la communication déficiente des autorités, qui, pour des raisons diverses, tentent de cacher leurs propres erreurs.

Merci à Jacques Baud de ses éclairages dont la suite sur ce même sujet est pour demain! Quant aux précédents entretiens, vous les trouverez ici 

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Après les empoisonneurs, les pirates russes…

Le grand quotidien Le Monde se fait le relai des poursuites lancées par la justice américaine à l’encontre de six pirates qui seraient issus ds services de renseignement russe. C’est dans le cadre de l’affaire Macronleaks… Bigre, ces Russes, décidément, je ne sais pas si vous remarquez mais ils n’arrêtent pas!

De garder la main sur la Biélorussie, d’empoisonner un blogueur paraît-il « premier opposant de Vladimir Poutine » , de terroriser la France avec des « Russes-Tchétchènes » auxquels elle a justement donné asile, victimes qu’ils étaient de guerres menées par le Kremlin, la liste est longue encore des maux qu’ils nous imposent, ces Russes!

Imaginez un peu, quelle idée aurions-nous, en Occident, de prêter main forte à la corruption, de se débarrasser de gêneurs qui, par miracle, survivent à un empoisonnement, de mener une guerre sans merci à de pauvres gens terrorisés qui terrorisent à leur tour, bref, de nous fourvoyer dans autant d’actes malveillants?

La Russie a tout faux depuis des années.  Quand elle était soviétique, elle était une menace, désormais, tout autant sinon plus encore. On vous expliquera que c’est normal, que son Président est un ancien du KGB, etc.etc. Et surtout, on se gardera bien de ne pas rappeler le passé de la Nobel de littérature 2015, dressant les louanges d’un homme qui n’a pas eu, pour réputation, d’être un ange…

Bon, c’est vrai, je serais « russophile »… c’est ainsi que, du temps où j’ai encore eu les honneurs de la RTS, on me présentait. Comme si c’était un titre, une qualité, un défaut, allez savoir, en tous les cas, je n’ai jamais su de quel pays les partenaires avec lesquels je me suis entretenue étaient «- philes », amis.

C’est que, pour nos journalistes, aimer la Russie doit sans doute être signalé. A leur décharge, il est vrai qu’en pareil contexte, cela équivaut à peu près à jouer les kamikazes…

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Guerre dans le Haut-Karabagh, hommage

La guerre, certains l’ont connue dès leurs plus jeunes années.

D’autres ne sauront jamais à quoi elle ressemble sinon aux images qu’ils en découvrent ici ou là ou au gré de récits qu’on leur en rapporte.

A partir de là, juger, même si nombre de celles et ceux qui appartiennent à cette seconde catégorie ne s’en privent pas, juger reste aisé.

Chaque camp a ses raisons très valables de s’attaquer à l’autre, les compte-rendus qui nous sont livrés de combats par l’une ou l’autre des factions en place en témoignent.

Pour ce qui concerne le conflit armé qui ensanglante le Haut-Karabagh et qui aurait dû s’arrêter après le cessez-le-feu signé à Moscou par les belligérants, on l’a vu, il se poursuit.

Et quand vous apprenez la mort au combat d’un étudiant de l’Université française d’Arménie, UFAR, pour laquelle vous avez été nommée juré d’un concours nommé « Premier prix de l’espoir francophone », vous n’avez que les yeux pour pleurer.

Toutes mes condoléances et mes pensées à sa famille et à ses proches.

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Haut-Karabagh, un cessez-le-feu déjà violé

On s’est réjoui du cessez-le-feu signé à Moscou entre les ministres des affaires étrangères azéri et arménien. Un accord a été trouvé à Moscou sous la médiation de Sergueï Lavrov.

Or que se passe-t-il sur le terrain?

Selon ces nouvelles reçues ce soir d’Erevan, les attaques ont repris en Artsakh.

Le ton du billet est amer.

Comment autrement lorsque l’on est sur place et originaire de l’un des pays en guerre?

Qui a tort, qui a raison, qui a ouvert les hostilités, comme souvent, c’est l’autre. Il ne s’agit pas, ici, de prendre parti mais de relayer un écho, triste.

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Haut Karabagh, la guerre encore et encore

Avertissement: Ce sujet est publié une seconde fois sous un autre titre pour voir si le terme arménien utilisé pour désigner le Haut Karabagh a fait problème sur un réseau social bien connu où le sujet n’a pu être partagé dans certains groupes.

Quelles que soient ses appellations, arménienne ou occidentale,  l’Histoire de cette république du Caucase est complexe.

Elle est rappelée sur différents sites, comme il se doit mais je vous propose de vous rendre sur celui du Ministère des Affaires Etrangères d’Arménie.

Pourquoi?

Parce qu’il est intéressant de saisir le point de vue de l’Arménie de laquelle cette république revendique les racines aussi profondes qu’historiques

Il va de soi qu’à lire d’autres approches comme, par exemple, celle publiée sur le site Cairn.info et indiquée en lien ci-après, son intitulé seul suffit à la situer:

L’Etat de facto du Haut-Karabagh arménien.

Le fait est que des vies sont en jeu, que les forces en présence sont animées par autant d’intérêts géostratégiques que de valeurs respectives à défendre.

Et que les négociations en vue de régler pareil conflit entre parties qui campent sur leurs positions sont extrêmement délicates à mener vu la violence qui sévit depuis ce 27 septembre.

Car, en effet, c’est sous la médiation des co-Présidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, Russie, Etats-Unis d’Amérique et France que sont placés les espoirs d’accord à trouver.

Pendant ce temps-là, le sang coule de plaies béantes que l’animosité particulièrement guerrière de ce nouveau conflit ouvre à nouveau.

En pensée avec autant de victimes de l’aveuglement humain qui n’a pas fini de briser des vies.

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Artsakh pour les Arméniens, Haut-Karabagh en Occident, la guerre encore et encore…

L’Artsakh, c’est ainsi que les Arméniens nomment ce que l’Occident appelle Haut Karabagh ou encore Nagorno Karabagh.

Quelles que soient ces appellations, l’Histoire de cette république du Caucase est complexe.

Elle est rappelée sur différents sites, comme il se doit mais je vous propose d vous rendre sur celui du Ministère des Affaires Etrangères d’Arménie.

Pourquoi?

Parce qu’il est intéressant de saisir le point de vue de l’Arménie de laquelle l’Artsakh revendique les racines aussi profondes qu’historiques.

Il va de soi qu’à lire d’autres approches comme, par exemple, celle publiée sur le site Cairn.info et indiquée en lien ci-après, son intitulé seul suffit à la situer:

L’Etat de facto du Haut-Karabagh arménien.

Le fait est que des vies sont en jeu, que les forces en présence sont animées par autant d’intérêts géostratégiques que de valeurs respectives à défendre.

Et que les négociations en vue de régler pareil conflit entre parties qui campent sur leurs positions sont extrêmement délicates à mener vu la violence qui sévit depuis ce 27 septembre.

Car, en effet, c’est sous la médiation des co-Présidents du Groupe de Minsk de l’OSCE, Russie, Etats-Unis d’Amérique et France que sont placés les espoirs d’accord à trouver.

Pendant ce temps-là, le sang coule de plaies béantes que l’animosité particulièrement guerrière de ce nouveau conflit ouvre à nouveau.

En pensée avec autant de victimes de l’aveuglement humain qui n’a pas fini de briser des vies.

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Pauvres et tristes gens

Mais que le monde devient triste!

Par « monde », devrais-je préciser qu’il s’agit, surtout, de « petit monde ». De celui qui rassemble des personnes investies d’un tel sentiment de justice qu’elles se voient légitimées à l’exercer.

Aussi ai-je trouvé cet article dont la capture d’écran de l’intitulé illustre ce sujet qui révèle comment on procède pour que règne l’ordre.

Ce n’est pas de la démarche dont je discuterai ici. Non, ce qui a attiré mon attention est une phrase bien précise.

Le journaliste qui en est l’auteur s’adresse à un groupe de personnes qu’un de ses collègues a infiltré, pour la bonne cause, il le précise selon des articles de droit auxquels il se réfère et qu’il cite.

Mais c’est cette phrase ci-après indiquée en caractères italiques et gras qui a, pour ma part, retenu toute mon attention tant elle témoigne, au mieux, d’une évidente naïveté, au pis, d’une toute aussi évidente malhonnêteté:

Vous ignorez le «je ne sais pas» des scientifiques et des journalistes au début de leur enquête.

En d’autres termes, les « scientifiques » et les « journalistes » seraient de très correctes gens qui, tel Socrate, seraient de celles qui avoueraient savoir qu’elles ne savent rien?

Ou pour reprendre les termes de l’article, qu’elles seraient de celles qu’habiterait le « je ne sais pas »?

Eh bien donc, ravie de l’apprendre! Et de mesurer le haut degré d’appréciation de lui-même que l’auteur de cet article affiche.

Car enfin, je suppose qu’il se range parmi ces « scientifiques » et ces « journalistes » dont il partagerait le « je ne sais pas ».

Si tel est le cas, il n’est pas le seul. Un de ses confrères va jusqu’à savoir ce que je saurais moi-même comme il l’a écrit en commentaire ici-même, commentaire auquel j’ai répondu.

Bravo à vous, Messieurs, on en redemande mais pas trop sans quoi l’indigestion guetterait.

Cela dit, je ne suis pas de celles et ceux qui contre « Satan », lutteraient pour « la vérité » et qui sauraient ce qu’il en serait de réalités cachées.

Je suis une femme qui aime ses deux pays d’origine, qui a aussi l’audace d’aimer la Russie et qui, au bénéfice d’une formation universitaire, exerce non pas son sens de la « justice »  mais son esprit critique.

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Entre complotisme et complot, quelle nuance? Sixième entretien avec Jacques BAUD

-Jacques BAUD, merci de clarifier encore un élément relatif au complotisme. Si celui-ci consiste à arranger l’énoncé de faits dans le but de contribuer à une stratégie d’influence, les vrais complots existent-ils?

Jacques BAUD: -Le problème essentiel est que les complotistes – et ceux qui prétendent les combattre – n’ont pas de rigueur pour définir le complotisme. Par exemple, Conspiracy Watch voit dans le fait de croire que « Dieu a créé l’homme et la Terre il y a moins de 10000 ans » comme une théorie complotiste ! A l’évidence, il s’agit d’une croyance, qui n’implique pas l’existence d’un « complot ». En fait, il s’agit de discréditer ceux qui – à tort ou à raison – ont une lecture littérale de la Bible. On trouve exactement le même phénomène avec d’autres sites qui prétendent faire du « fact-checking ». Cette absence de rigueur facilite la confusion entre des « suppositions » et la « réalité ».

Comme nous l’avons vu, la problématique de notre action dans la situation internationale actuelle est, qu’elle est dictée par des présomptions que l’on transforme en certitudes. On est « complotiste » lorsqu’on doute de la responsabilité de Vladimir Poutine dans l’empoisonnement de Serguei Skripal ou Alexeï Navalny, mais on ne l’est pas lorsqu’on affirme qu’ils été l‘objet d’un « complot » ourdi par le gouvernement russe…

Ce qui favorise l’élaboration de théories du complot est clairement l’absence de transparence. Celle-ci vient le plus souvent du fait « qu’on ne sait pas » et parfois parce qu’on ne peut ou ne veut pas communiquer sur un sujet. Ici, il faut également démonter un mythe répandu : les services de renseignement savent beaucoup moins que ce que l’on pense !

La faiblesse des théories du complot réside pratiquement toujours dans la réponse à la question : « A quelles fins ? » Il s’agit de comparer le gain qu’apporterait une « conspiration » par rapport au risque politique encouru au cas où elle serait éventée. En fait, le plus souvent, on constate que le « comploteur » aurait pu obtenir le même résultat plus facilement et à moindre coût.

Un exemple est la publication de la « vidéo intime » de Benjamin Griveaux, en février 2020. Immédiatement, on suggère que la Russie (et donc, Vladimir Poutine) est impliquée dans sa diffusion! Dans quel but ? Pas de réponse. A quelle fin la Russie, en délicatesse avec l’Europe, prendrait le risque de s’impliquer dans l’élection d’une mairie (même celle de Paris), pour nuire à un candidat dont la campagne électorale est navrante depuis son début et « vouée à l’échec » ? Toujours pas de réponse ! Avec des « on dit que… », un journaliste de LCI suggère même que Piotr Pavlensky – l’auteur de la fuite – bénéficiait d’une « forme de complaisance » de part de la police russe et serait une « personnage qui pratique une duplicité … » et suggère qu’il serait employé par le gouvernement russe ! Pourtant, Cédric O, secrétaire d’État au Numérique, affirme ne disposer d’ « aucune information qui laisse penser qu’il pourrait y avoir autre chose qu’un agissement personnel » et qu’il n’a « aucune preuve, ni aucun indice qui nous laisse penser que la Russie soit impliquée ». Donc : rien ! Mais personne n’a qualifié tous ces brillants journalistes de « complotistes » !

C’est pourquoi j’aime bien citer Michel Rocard : « Toujours préférer l’hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot exige un esprit rare. »

Cela dit, cela ne signifie pas que les « vrais » complots n’existent pas. Mais ils sont beaucoup plus « discrets » que ceux que l’on nous présente dans la presse. Ils sont le fait d’acteurs qui se sentent – à tort ou à raison – dos au mur et ne voient pas d’autre alternative pour agir, et qui sont prêts à prendre le risque pour des raisons existentielles. C’est (très probablement) le cas de l’assassinat de Kennedy, pour lequel je pense que la version officielle ne reflète pas la réalité et les indices existant. C’est pourquoi cela n’est certainement ni la mafia, ni la CIA, ni le haut commandement militaire américain, ni les Soviétiques, ni les Cubains…

L’influence a toujours existé et fait sans doute partie de la manière dont les humains interagissent. Le problème est que nous devons admettre que bien souvent, nous ne connaissons pas la vérité. Dès lors, chacun peut avoir des interprétations différentes d’un événement : de la plus compréhensive à la plus intransigeante. C’est légitime. Mais, dès lors que ces interprétations doivent se traduire par des décisions, je pense qu’une certaine retenue doit guider le décideur politique et ceux qui les conseillent.