Vous pouvez lire tous les articles que vous voulez, écouter toutes les émissions de radio que vous souhaitez, suivre tous les documentaires ou reportages de télévision que vous estimerez intéressants, je pense qu’une seule séquence vidéo de 11 minutes 19 vous en dira bien davantage sinon tout ou presque de la situation actuelle en Ukraine et ses répercussions non seulement en Europe mais dans le monde.
Peut-être qu’alors, vous comprendrez ce qui se passe et comment deux pays que tant de liens du sang unissent, en sont arrivés à le faire couler à ce point. Surtout, vos idéaux pour certains, vos partis pris pour d’autres, risquent d’en prendre un coup. Mais ne serait-il pas temps de quitter le déni qui protège?
A chacun de vous d’en décider. Hélas, la tragédie est là et la destruction, massive.
Entendons-nous, chacune et chacun est libre de s’adresser à ses « chers amis russes ». Savoir s’ils le liront est une autre histoire.
Surtout lorsqu’on découvre, en commentaire, pareille injonction à la famine d’un peuple.
La littérature offre un espace où sont susceptibles de se déployer les abysses et les noirceurs de l’être humain, Jonathan Littell s’y est employé, entre autre dans son ouvrage couronné.
Mais qu’un grand quotidien français rende public ce souhait morbide au peuple russe, en réaction à la tribune de l’écrivain, laisse vraiment perplexe.
Un immense élan de solidarité se manifeste envers les victimes d’une guerre qui ne les concerne sans doute pas quand on sait comment tant de civils, en Ukraine, sont pris en otages de forces armées ou, disons-le, de bataillons dont on sait l’affiliation au nazisme.
Une tout aussi immense émotion s’est emparée de nos élites pour déplorer, que dis-je, accuser un pays de toutes les horreurs possibles et imaginables commises envers un voisin, frère même par les liens du sang qui unit leurs citoyens respectifs.
D’emblée, les bons et les méchants ont été définis, on le sait, on l’a compris.
Mais que l’aveuglement atteigne un tel niveau, nombre de spécialistes se gardent de commenter. Alors même que le problème est là, dans cette cécité effarante et impossible à admettre pour qui reste lucide.
Inutile d’aimer la Russie pour constater comment elle est mise au ban de l’auto-proclamée « communauté internationale ». Il suffit d’observer. Et de constater comment la haine se déverse envers un pays dont si souvent on ignore tout.
Dans quelles démocraties vivons-nous que la mauvaise foi doublée du mensonge y gouvernent? Hélas, poser la question paraît vraiment de plus en plus y répondre.
Si ces divers sujets vous ont échappé, lisez-les, vous en serez d’autant moins ignorants ensuite et ne pourrez plus dire que vous « ne saviez pas ». Sauf à lire Le Figaro, expert à l’appui, pour banaliser, aseptiser le personnage et le rendre ainsi acceptable.
Extraordinaire comme de ce Nazi avéré mais qui, à l’évidence gêne aux entournures l’image que l’Occident anti-russe voudrait lui donner, on parvient par un tour de passe-passe, à le dissocier de la funeste et criminelle idéologie qu’il incarne.
Référez-vous à Wikipedia, elle vous en dira davantage!
Un jour viendra, je le souhaite et l’espère de tout mon coeur, où les crimes commis en Ukraine et qui, pour l’heure, restent savamment cachés seront exposés.
Bien de ces crimes, depuis huit ans, sont demeurés masqués.
A ces crimes, la riposte russe, plus personne ne peut plus l’ignorer puisqu’elle est exhibée à longueur de colonnes de journaux et de plateaux de radio et de télévision.
Mieux ou pis encore, on sanctionne à l’aveugle la culture, les enfants, les chats, les chiens, les handicapés, bref, tout ce qui de près ou de loin affiche un lien quelconque à la Fédération de Russie.
Juger comme s’y emploient tant de censeurs improvisés ne révèle qu’ignorance et férocité. Pour ma part, je n’ai choisi ni n’ai à choisir aucun « camp ». Occidentale, je le suis et le reste.
Mais ma véritable patrie, c’est la littérature. Elle seule ne me fera jamais renier l’amour profond qui me lie à la Russie. Car c’est en elle que s’est tracé mon destin littéraire.
Pour qui suit ce blog, peut-être vous souvenez-vous de cette série d’entretiens que j’avais menés avec Denis KLESCHËV, écrivain, historien des mathématiques, journaliste et membre de la société indienne d’études en indianisme.
J’avais expliqué, ici, la raison pour laquelle il était entré en relation avec moi. Denis KLESCHËV vit à Alapajevsk.
Située à près de mille cinq cents kilomètres à l’est de Moscou, Alapajevsk se trouve à un peu plus d’une centaine de kilomètres au nord-est de Iekaterinbourg.
Il y a quelques jours, Denis KLESCHËV m’a demandé s’il pouvait citer, traduit en russe, l’un de mes sujets de blog dans la page du journal où serait aussi publié le résultat d’une enquête d’opinions en relation avec la situation en Ukraine.
Je lui ai donné mon accord.
Je lui ai également proposé de répondre à quelques questions.
–Denis Kleschëv, vous avez donc réalisé une enquête d’opinion auprès de la population d’Alapajevsk, merci de nous en dire davantage sur les résultats.
Denis KLESCHËV: – Bonjour à tous les lecteurs de votre blog, Hélène! Je pense qu’un échange de vues ouvert est quelque chose qui fait actuellement beaucoup défaut. Nous savons mal ce que les gens ordinaires pensent, donc il y a une perception déformée de la réalité. Dans les réseaux sociaux russes, il y a beaucoup de déclarations agressives à l’adresse de l’opération spéciale pour protéger le Donbass. Les gens sont intimidés et insultés. Par conséquent, nous avons mené une enquête à Alapayevsk pour savoir directement ce que les gens pensent. Nous avons juste pris une caméra vidéo et sommes allés poser des questions dans les rues de la ville. Oui, une partie des personnes interrogées ne soutient catégoriquement pas l’opération militaire (10%). En règle générale, ce sont des personnes dont les parents vivent en Ukraine. Un autre 10-20% des commentaires négatifs sur la hausse des prix dans les magasins. En un mois, les produits ont augmenté de 1,5 fois. Certains ont refusé de commenter la situation (environ 10%). Les autres répondants (60%) se sont prononcés pour une opération spéciale. Je suppose que: en général, cette image correspond au sentiment dans la province russe.
-Et puis aussi, vous m’avez envoyé la photo d’un mémorial soviétique brisé. Comment expliquez-vous cet acte de vandalisme?
Denis KLESCHËV: -Il est alarmant que parmi les habitants de la Russie, il y ait des groupes qui luttent contre la mémoire historique. Il y avait des vandales qui cassent des plaques sur les mémoriaux des soldats soviétiques. Ce n’est pas l’Ukraine et la Pologne, où un tel vandalisme est élevé au rang de politique officielle de l’état. C’est ce que nous voyons dans l’Oural, qui est appelé le «bord d’appui de la puissance». La propagande ukrainienne pour la haine de la Russie a fui dans l’esprit de certains russes. Si, en Ukraine, le culte du nationalisme ukrainien a été implanté pendant des décennies, le mot «russe» lui-même a été interdit tacitement jusqu’à récemment dans la Fédération de Russie. Nous avons reçu le « stock » d’un peuple d’une communauté culturelle et historique incertaine, dont l’opinion et l’histoire sont facilement formées de l’extérieur.
Nous avons traversé un tel discours de haine pendant la révolution de 1917 et pendant la guerre civile. Le milieu qui l’a alimenté, ce discours de haine, était à cette époque le prolétariat, détaché de sa terre natale, de son histoire et de sa culture. Nous devons toujours nous rappeler que les tragédies les plus terribles commencent par un changement de conscience, un changement de mémoire historique. Le nouveau « monde numérique » vous permet de changer rapidement la conscience des masses populaires. Maintenant, le terrain fertile pour semer la haine – ce sont les «personnes virtuelles», détachées de la mémoire historique. Dans certaines conditions, c’est bon pour le progrès, mais la destruction des liens mentaux peut conduire à la destruction, non seulement de certains pays, mais aussi à la destruction de la civilisation. C’est la première fois que l’humanité se retrouve dans une situation telle que des manipulations à grande échelle de l’information sont susceptibles de conduire à la mort de la civilisation elle-même.
–Denis KLESCHËV, merci d’avoir répondu à mes questions.
La liste s’allonge des grands esprits analytiques! J’ai l’honneur d’être suivie par un internaute particulièrement perspicace. « Notre fasciste est de sortie on dirait »… commente-t-il en réponse au précédent sujet de ce blog partagé sur le réseau très social qu’est Twitter.
Je cherche à consulter le profil de ce savant auteur et découvre ceci:
Au-delà du fait qu’être traitée de « fasciste » est devenu si courant que cela ne veut à peu près rien dire sinon tout dire ou trop dire, vous constaterez que ce réseau ne voit aucun « standard » qui contreviendrait à sa « communauté » pour diffuser la haine anti-russe comme l’indiquent les captures d’écran ci-dessus.
Pour qui souhaite comprendre ce qui est écrit en ukrainien sur ces panneaux photoshopés, la flèche verticale indique: Va te faire foutre, la flèche vers la gauche indique: Va à nouveau te faire foutre et la flèche vers la droite indique: Baise la Russie.
À préciser encore que, sur un autre réseau social bien connu qui, lui non plus, n’a pas suscité d’émoi au sein de sa « communauté », ce panneau a été retenu comme image de couverture du profil de l’élu valaisan cité dans le précédent sujet de ce blog, Yanick Charvet.
Avouez que cela vaut la peine d’écrire sur la guerre en Ukraine! On fait des découvertes fascinantes. Allez, pour élever un peu le débat, je vous propose cette analyse de l’Universitaire Jean-Robert Raviot.
Après m’être fait qualifier, une fois encore, de « soutien de la politique du Kremlin », j’ai ri et j’ai choqué celui, illustre inconnu qui m’a considérée telle.
Allez demander aux Russes ce qu’ils pensent de cet homme, vous serez fixés. Je le suis, pour ma part.
Je le suis, néanmoins, de la plus triste façon. Car je vivrais dans un pays neutre qui ne l’est soudain plus, je vivrais dans un pays démocratique où la liberté d’expression domine, laquelle, merci de me le préciser, je vivrais dans un pays où l’anathème fait figure de portrait.
Je ne saurais me plaindre quand tant de vies disparaissent dans le champ de ruine qu’est l’Ukraine. Je constate. Et déplore.
Il a été question, ici, de feu l’écrivain Edouard Limonov, décédé à Moscou le 17 mars 2020, soit il y a juste deux ans.
Édouard Veniaminovitch Limonov, de son vrai nom Savenko, est né le 22 février 1943 à Dzerjinsk. Tout le monde est désormais sans doute en mesure de situer cette ville d’Ukraine.
Limonov quitte l’ex-URSS en 1974 et retourne en Russie en 1991. Trois plus tard, il créée le Parti national-bolchevique, va se battre en Croatie aux côtés des Serbes, puis en Ukraine aux côtés des Russes.
L’écrivain a été un farouche opposant à Vladimir Poutine. Mais comme nombre de ses compatriotes, il l’a soutenu lors du rattachement de la Crimée à la Fédération de Russie.
Qui s’est intéressé, ici, à ce qui s’est passé sur place en 2014 sinon pour nous parler de « petits hommes verts »?
Je ne vais pas revenir sur la qualité de l’information qui nous est livrée, même plus jour après jour mais heure par heure sinon minute par minute. Je tiens juste à partager ce qu’a dit l’écrivain.
Quelques remarques encore sur ce qui se passe en Ukraine, que le pouvoir russe qualifie d’ « opération spéciale » et que les chancelleries occidentales et leurs médias, dans l’ensemble, considèrent comme guerre.
Dans l’entretien mené avec Jacques Baud, colonel d’Etat-Major et ancien du renseignement suisse, entretien qui a été publié hier sur ce blog, le recours aux termes d’ « opération spéciale » a été expliqué:
Il est indéniable que le sinistre spectacle dont les images nous sont renvoyées, de civils martyrisés est insoutenable.
Tout autant l’a-t-il été, ce sinistre spectacle, pour les civils martyrisés dans le Donbass huit ans durant. Combien d’entre eux n’ont-il tout perdu et combien de nos journalistes s’en sont-ils souciés, nous en avons déjà beaucoup parlé ici.
Mais l’insoutenable est tout autant l’instrumentalisation d’images dont usent et abusent tant de personnalités en vue.
Pour faire passer leur message. Pour faire passer leur credo. Pour convaincre que le bien est là et le mal ici. Pour rassembler derrière elles et galvaniser. Rien de tel ne m’anime.
Comme nombre d’entre nous, je cherche à comprendre avant de juger, avant de me laisser entraîner par l’émotion qui aveugle et n’entretient que détestation et haine.
Il y a des faits. Et ces faits ont été énoncés dans leur chronologie par Jacques Baud.
Ces faits sont des réalités. Et ces réalités sont décrites et documentées. Les nier contribue à alimenter la dangereuse spirale de désinformation qu’entretiennent de manière éhontée et en dehors de toute éthique journalistique, tant de nos médias.