Une passante m’arrête sur le trottoir. Son portable en main, elle désigne le nom d’une rue toute proche et me demande où elle se situe. Je lui indique l’emplacement.
Dans sa question, quelques mots de russe se sont glissés.
Je lui réponds donc dans cette langue, elle ouvre de grands yeux dont je ne sais comment interpréter l’expression. Surprise, soulagement d’échanger dans un idiome qu’elle maîtrise, j’en saurai tout de suite davantage.
Elle est russophone, me dit-elle.
Mais immédiatement elle ajoute qu’elle choisit entre ukrainien et russe selon les interlocuteurs auxquels elle a affaire.
Le temps que je l’accompagne à l’adresse où elle se rend, j’apprends qu’elle est à Genève depuis 4 mois, qu’elle a été accueillie au sein d’une famille qu’elle doit quitter pour une autre.
Elle vient de Kiev où sa fille est restée.
Arrivée avec elle à l’angle de la rue qu’elle cherchait, je lui fais part de ma compassion, lui dis combien cette situation tragique entre peuples autrefois frères m’attriste.
À peine l’ai-je quittée que sur mon chemin, passe un jeune couple. Lui, s’applique à parler russe, elle l’écoute.
Plus loin encore, une jeune maman russophone me dépasse, accompagnée de deux petites filles. L’une est vive, parle beaucoup et paraît contente. L’autre, silencieuse, tient la main de sa mère, peu loquace.
À Genève, l’ukrainien et le russe s’entendent plusieurs fois par jour au gré des rues de la ville.
En écho aux combats qui se mènent dans un pays qui n’aurait jamais dû devenir le champ de mort que l’on sait depuis plus de 8 ans si la diplomatie avait eu son mot à dire.
L’avoir foulée aux pieds reste impardonnable.
Car c’est aux chancelleries qu’incombe une très grande part de responsabilités dans la désolation que connaît désormais l’Ukraine, devenue ennemie d’un pays dont le peuple partage tant de liens familiaux avec le sien.