Comment mieux brandir l’épouvantail russe sinon de le renvoyer à son passé soviétique et d’autant influencer l’opinion? Il suffit de citer quelques références caractérisées de l’ex URSS et de les associer à tel ou tel protagoniste russe actuel pour ainsi créer l’amalgame.
Rappelez-vous, il en a été question ici lorsque nous sommes revenus sur cette émission de la RTS qui, à plus d’un égard, servira de référence de la plus mauvaise foi qui soit. En fin d’émission, en effet, le présentateur a choisi de diffuser des images du coup d’Etat de 1991 à Moscou et d’y joindre le nom de l’actuel président russe, laissant ainsi suggérer aux téléspectateurs qu’il y avait été impliqué.
Or pas du tout et au contraire!
Cela a été clairement énoncé dans cet entretien avec Jacques BAUD qui, par la même occasion, a cité les propos tenus par Vladimir Poutine en 2005 sur ce qu’il en avait été de l’effondrement de l’URSS et de ses conséquences, propos trop souvent détournés par nos journalistes si avides « d’informer » leur public qu’ils paraissent préférer réciter la leçon mensongère qu’on leur a inculquée.
Un nouvel exemple de ce genre d’influence à exercer sur les esprits figure dans un article du journal Le Temps. La parole est donnée au député du Parlement russe, Viatcheslav NIKONOV. Fort bien. Mais comment est-il présenté? Par ses activités politiques, immédiatement suivies de son ascendance, mentionnée à trois reprise, excusez du peu!
Or il y a bien une raison qui vous sautera aux yeux alors qu’en règle générale, les personnes que l’on interroge sur un sujet d’ordre politique, ne sont pas identifiées en référence à leurs ancêtres. Au prétexte qu’ils seraient célèbres, ils vaudraient d’être mentionnés? Et de manière si insistante qu’ils doivent être cités à trois reprises à quelques lignes d’intervalle?
Lisez un peu, il s’agit du début de l’article. D’emblée apparaît l’orientation à donner à la lecture des propos que tiendra Viatcheslav NIKONOV. Car le journaliste s’est arrangé pour qu’au nom de son invité soit associé celui de Staline, ni plus ni moins. Ce qui donne:
Député du parlement russe, Viatcheslav Nikonov en est persuadé: ses compatriotes «sont concernés par la pandémie, la croissance économique, le niveau de vie, l’éducation». Alexeï Navalny, l’opposant envoyé dans une colonie pénitentiaire? Ses supporters sont descendus dans la rue «sur une commande actionnée de l’étranger, vous m’excusez, mais ce n’est pas un soutien massif». Viatcheslav Nikonov est historien et il porte le prénom de son grand-père, Molotov, illustre ministre de Staline. Le Temps l’a rencontré.
Pour Viatcheslav Nikonov, président de la commission pour l’éducation et la science de la Douma, la majorité de la population russe est davantage préoccupée par les situations économique et sanitaire que par l’affaire Navalny. Les salves contre le régime politique seraient orchestrées par l’Occident, estime cet historien et petit-fils de l’illustre ministre des Affaires étrangères de Joseph Staline
Des milliers d’opposants russes et des diplomates occidentaux se sont rassemblés samedi à Moscou pour pour rendre hommage à l’opposant Boris Nemtsov, assassiné il y a six ans à proximité du Kremlin. Un autre opposant à Vladimir Poutine, Alexeï Navalny, a été transféré la semaine dernière dans une colonie pénitentiaire à 200 kilomètres de Moscou pour purger sa peine de 2 ans et demi. L’influent député du parlement russe Viatcheslav Nikonov est le petit-fils de Molotov, le ministre des Affaires étrangères de Joseph Staline ayant donné son nom au pacte Molotov-Ribbentrop. Il commente l’affaire Navalny et les relations de son pays avec l’Occident. (…)
Sur le site du journal, seules deux références apparaissent, deux de trop quand un homme n’est pas responsable des faits et gestes de ses aïeux, que je sache. Cependant voilà, ces rappels du passé soviétique de telle ou telle personnalité sont de préférence réservés à toute personne qui, de près ou de loin, n’a rien contre Vladimir Poutine.
Voyez vous-mêmes! Auriez-vous lu quelque part le rappel du passé soviétique fort éloquent de la Nobel de littérature 2015, Svetlana Alexiévitch? Auriez-vous une fois entendu rappelé quelque part dans nos médias occidentaux qu’elle avait été une inconditionnelle admiratrice de l’une des plus intransigeantes figures de l’URSS, Félix Dzerzhinski?
A tant de nos journalistes qui aiment à citer les noms de personnalités soviétiques qui ont exercé la terreur, allez jeter un oeil sur la déclaration enflammée qu’adressait la lauréate de l’Académie de Stockholm à Félix Dzerzhinski, le fondateur de la TCHEKA, ancêtre du KGB, lui-même devenu FSB, cela vous donnera une petite idée de ce qu’il est préférable d’éviter de mentionner…
Parce que, je le récris ici, à 29 ans, âge auquel la Nobélisée s’est à ce point exaltée lorsqu’elle évoque celui dont Wikipedia rappelle le surnom de « Félix de fer » et non « … le chat » et dont il est aussi écrit que » dans sa célèbre biographie de Lénine, Ferdynand Ossendowski a brossé un portrait accablant de Dzerjinski en tant que pur psychopathe », on se dit que le deux poids deux mesures est vraiment un système bien rôdé.
Et on s’étonne des réactions, entre autre publiées ici, alors que rien n’est fait pour apaiser mais tout, au contraire, pour exciter les tensions entre Occident et Russie? Mais elle n’est pas un pays à diaboliser! Elle n’est pas notre ennemie! Sauf à la construire telle auquel cas, bravo mais alors, attendez-vous au pire. Car à trop chercher, on trouve.