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Jacques Baud

Politique, société, Voix

Russie, mobilisation médiatique…

L’information vient de tomber, l’opposant russe Alexeï Navalny a été condamné à trois ans et demi de prison. Inutile de dire que les rédactions de nos médias occidentaux se fendent de leur rhétorique habituelle pour couvrir l’événement.

De longue date, j’ai attiré l’attention, sur ce blog, de l’usage fait de la langue par les journalistes.

Certes, ils ne sont pas les seuls à avoir appris comment se servir de formules qui frappent les esprits. Toute personne travaillant dans la communication apprend à manier les ressources d’un idiome à cette fin. Dans ce cas, on est dans la persuasion, pas dans l’information.

De fait, libeller l’intitulé d’un article ou d’une émission n’est jamais voué au hasard.

Je l’avais fait remarquer il y a tout juste 7 ans, jour pour jour, le 2 février 2014 lorsque j’ai, pour la dernière fois été invitée à m’exprimer sur la RTS au sujet de la Russie mais surtout de son Président.

On m’avait contactée pour me demander si j’étais d’accord de parler de « la personnalité de Poutine ».

C’était quelques jours avant l’ouverture des JO de Sotchi. Or lorsque, la veille de l’émission à laquelle j’étais invitée,  j’ai découvert sur le site de la RTS, l’intitulé qui lui avait été donné, je n’ai pu m’empêcher d’y réagir en direct sur les ondes.

Autant dire que l’on ne s’y attendait pas alors qu’on pensait m’entraîner sur une piste sentimentalo-politique, jugez-en vous-même en cliquant sur ce lien et vous comprendrez!

Cela dit, dans un prochain entretien avec Jacques BAUD, nous allons revenir sur l’affaire Navalny, le soi-disant empoisonnement au Novitchok, les manifestations qui ont suivi son retour sur le sol russe et la manière particulièrement peu déontologique de nombre de médias d’en avoir traité.

Politique, société, Voix

Les Navalny, une romance?

Une histoire de couple, en somme, celle que notre vénérable Tribune de Genève nous raconte dans son édition de ce 30 janvier.

L’histoire d’un homme qu’on tente d’empoisonner, de son épouse qui le « sauve » et de l’énergie qu’elle déploie désormais pour faire entendre la voix d’une opposition au tout puissant Kremlin.

Il semble aller de soi qu’un conjoint assiste l’autre dans son combat.

Rien d’exceptionnel à ce que Ioulia Navanlnaya soit aux côtés de son blogueur de mari que nos médias s’obstinent à nous présenter comme « principal opposant » de Vladimir Poutine.

A de nombreuses reprises, il a été question, ici, de cet homme.

Nous y reviendront bientôt avec Jacques Baud qui nous a déjà livré de très instructives informations sur ce qui a été répété et continue d’être répété en boucle sur cette tentative d’empoisonnement au Novitchok.

Je vous invite, en attendant, à lire ou à relire ce sujet et celui-ci pour comprendre comment fonctionne l’information dans nos médias dits « mainstream ».

Depuis le temps que la Russie est en ligne de mire de nos si soucieux droits-de-l’hommistes!

Depuis  le temps que toute personne qui présente une autre image de ce pays que celle qui doit s’imposer n’a plus droit de parole dans les médias mainstream, c’est à de la très fallacieuse information que l’on a droit.

Et oser le dire équivaut à se voir ostracisé. Pas belle notre liberté d’expression?

Culture, Politique, Voix

Quel professionnalisme!

Il n’aura pas fallu longtemps pour que les entretiens avec Jacques BAUD que j’ai publiés ici, me valent d’être de facto cataloguée.

Dans le cadre d’une « mise  à jour » d’un article qu’il lui a consacré, le journaliste Antoine Hasday fait allusion à ces entretiens et me présente ainsi:

«  déboutée de sa plainte en diffamation contre la chercheuse Cécile Vaissié qui avait évoqué sa proximité avec les réseaux du Kremlin »…

Ce même journaliste avait rendu compte, pour Slate, du procès qui nous a opposés, cinq autres plaignants et moi, à cette « chercheuse »  et à son éditrice.

Que mes recueils de nouvelles soient traduits en russe et publiés à Moscou depuis 2004, pour ces personnes si au fait, apparaît impossible sans soutien financier du Kremlin.

C’est ce que Cécile VAISSIE, dans son ouvrage « Les Réseaux du Kremlin en France » a laissé entendre, c’est ce que ce que ce « journaliste » relaie.

Comme je l’ai indiqué ici, un procès en appel nous attend, Cécile VASSIE, son éditrice et cinq des plaignants sur les six que nous étions au départ.

Il va de soi que ce « journaliste »  n’en fait pas mention.

Culture, Economie, Histoire, Politique, société, Voix

COVID-19, essai de 11e synthèse

Petite parenthèse covidienne et nouvel essai de synthèse en attendant la suite de nos entretiens avec Jacques Baud.

A découvrir comment chaque pays décrète tel ou tel autre à (haut) risque en termes de contagiosité virale, on comprend que la situation se complique.

Deux cantons suisses, ceux de Genève et de Vaud sont déconseillés par Berlin aux Allemand(e)s, dans le même temps, la Suisse place certaines régions de France sur sa liste rouge.

Autrement dit, ces cantons décommandés aux Allemand(e)s et soumis à la décision fédérale, limiteront eux-même leur accès à tout voyageur venant de certaines régions de France.

Faute de quoi la quarantaine les attendra.

Quant à l’Espagne, placée depuis un certain temps déjà sur liste rouge en Suisse, il semble que la vie s’y déroule de manière moins dangereuse que celle dont nos médias rendent compte.

A dire vrai, la perception que chaque pays a et donne de l’autre ne favorise pas vraiment l’ouverture.

Tandis que la lutte contre les nationalismes fait rage, que le mondialisme est rabâché à tout va, se fermer à ses voisins paraît plutôt paradoxal.

Mais bon, ce virus a ses secrets que la raison ne connaît pas encore…

Culture, Economie, Histoire, Politique, Religions, société, Voix

Journalisme d’opinion ou de désinformation, à voir…

Le Monde, fidèle à lui-même, nous explique ce qu’il en serait des relations entre Ankara et Moscou, ou disons plutôt, entre les Présidents turc et russe. Dans un article intitulé « Entre Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, l’entente brutale« , les grands russophiles que sont les signataires de cette « analyse » déploient la narrative et la rhétorique bien connues pour parler des présidents russe et turc qui auraient « en partage leur aversion pour l’Occident et leur soif de pouvoir ».

Et en cours d’article, de citer une fois encore le nom d’un homme dont ils ne semblent toujours pas avoir saisi que, chez eux, il serait mis au pilori pour ses idées racistes et extrémistes. Mais journalisme de propagande oblige, on se moque bien de révéler qui il est et comment il est perçu par les Caucasiens auxquels il ne souhaite que de disparaître selon la méthode qu’il recommande en son et en image.

Quand on veut convaincre, user d’arguments à cette fin serait préférable plutôt que de se fourvoyer entre mensonges et compromissions. Seulement voilà, à force de répéter, de répéter et de répéter encore que ce blogueur-lutteur anti-corruption condamné lui-même pour corruption serait le « principal opposant » du Kremlin qu’il ferait trembler au point que celui-ci l’aurait « empoisonné », le public finit par y croire et reprendre, lui aussi, cette antienne.

Bref, autant dire qu’on a là à faire à du journalisme, dans le meilleur des cas d’opinion et non d’information.

Mes détractrices et mes détracteurs, chaque fois que je m’exprime ici sur ce qui concerne la Russie, m’estiment voler au secours du Kremlin, comme si, privé de tout moyen de défense, il avait besoin de mes efforts pour lui venir en aide. Ces gens disposeraient-ils d’un minimum de sens du ridicule voire d’un cerveau? Sans doute pas pour afficher pareil raisonnement et puissance d’analyse!

Car, en réalité, on est dans un tout autre registre dont une illustration a été montrée ici.

Il se trouve qu’au-delà de mes études de russe, en tant que linguiste, j’ai consacré des travaux à l’analyse de discours. Et que c’est cette activité qui m’incite à réagir lorsque je découvre comment nos médias rendent compte de la « Russie de Poutine », selon leur formule plus que consacrée. Je m’exprime donc en tant qu’observatrice pour faire part de ce que je constate de la manière dont les médias dits mainstream usent de formules rhétoriques.

Mais bon, il semble que ce sens de la critique ne doive être réservé qu’à certaines personnes dont les titres universitaires sont brandis tels des preuves de leur incontournable compétence à proférer autant d’approximations que de mensonges et même de trouver éditeur pour les publier et nombreux relais médiatiques pour les diffuser. Lutter contre la mauvaise foi et la malveillance  est un combat déséquilibré, nous somme nombreux à l’expérimenter.

Et ce combat déséquilibré peut paraître perdu d’avance. Il ne l’est pas pour le seul fait qu’en le menant, on ne se vend pas.

Culture, Histoire, Politique, société, Voix

France 2, un envoyé très spécial en Russie…

Une partie de la célèbre émission de France 2, « Envoyé spécial » de ce 25 février a été consacrée à celui que les médias semblent avoir définitivement décidé qu’il était le « principal opposant » de Vladimir Poutine.

Je veux parler donc d’Alexeï Navalny dont le destin, vous l’avez compris à toute l’attention qu’y portent, en Occident, tant de personnalités médiatiques et politiques, doit nous toucher.

Ainsi a-t-on droit à des trésors d’inventivité pour nous mobiliser et, surtout, nous émouvoir.

On l’a vu, la présentation de cet homme gomme savamment ce qui dépasserait les standards moraux admis. Sauf que, sauf que, voici qu’Amnesty International lui a retiré son statut de « prisonnier d’opinion ».

Camouflet? Les partisans de Navalny crient au complot!

Pour en savoir davantage sur le sujet, lisez cet article qui vous dira comment ce grand humaniste considère les peuples du Caucase qui n’ont pas vraiment apprécié et cela se conçoit.

Mais bon, on oublie et on reprend le fil du « principal opposant » du Kremlin.

Car, en effet, chercher à en savoir un peu plus sur cet homme et ses dires ne paraît pas être une des priorités quand tant de journalistes se risquent à des affirmations sans preuves qu’ils assènent telles des vérités.

Plusieurs d’entre elles ont été discutées dans ce sujet que je ne me lasserai pas de citer tant il indique comment se construisent et se véhiculent les fables concernant  » la Russie de Poutine ».

Celle de l’empoisonnement au Novitchok, par exemple ou celle de l’entretien qu’aurait eu Navalny avec un agent du FSB.

Quant à la fiabilité de l’agence « Bellingcat », l’une des références de France 2 mais aussi et de manière récurrente de la Tribune de Genève et du journal Le Temps, il en est aussi discuté dans ces sujets cités en lien ci-dessus.

Et si cela ne devait pas suffire, je vous invite à lire cet article édifiant, ici en français et là dans sa version originale en anglais.

Qu’à cela ne tienne, on vous présente, sur France2, un blogueur russe dont le procès aurait mis Moscou « sur ses gardes ». Et digne de la plus crasse russophobie, on énonce comment, « sous l’oeil du monde entier se joue un de ces procès dont la Russie a le secret ».

Ben voyons!

Plus loin, on apprend que « la colère s’empare des rues » et qu’elle serait « un défi sans précédent lancé au Kremlin », parce que Navalny serait sa « bête noire ».

Après cette mise en scène aussi émouvante qu’étudiée où défilent des images de la capitale russe avec lampes de poche de téléphone allumés, ce commentaire de fin:

« Il est trop tôt pour dire si ces quelques lumières dans l’hiver moscovite seront un feu de paille ou l’étincelle qui embrasera le pays dans une nouvelle révolution. »

Parce que le peuple russe n’a pas connu assez de sang versé entre 1917 et 1922? Qu’il en redemande, c’est cela?

Culture, Histoire, Politique, société, Voix

Plus grave que l’insulte, la malhonnêteté intellectuelle

Et hop, rebelote, me voici maintenant affiliée à l’extrême droite pour le soutien inconditionnel que je manifesterais envers le président d’un pays dont j’ai pourtant et à maintes reprises écrit ici que je l’aimais en tant que tel et à travers son Histoire, sa culture, son peuple surtout, je veux bien sûr parler ici de la Russie.

Mais non, qu’à cela ne tienne, ce serait son seul président dont je me ferais la défenderesse sur ce blog comme s’il en avait besoin.

D’extrême droite donc je serais, mieux encore, « dans le milieu des études sur la Russie contemporaine, apparemment considérée comme une fasciste alignée sur ce régime ultra-nationaliste de fous-furieux. », je vous passe le reste de ce qui m’a été rapporté par un jeune homme de ma connaissance dont l’une des relations lui a donc fait part de ce que je serais.

En tous les cas, moi qui peinais à me situer sur l’échiquier politique, me voici désormais éclairée!

Il est toujours intéressant de découvrir la manière avec laquelle est perçu un propos aussi nuancé soit-il. En l’occurrence, ici, l’aptitude de ce détracteur à lire ce que j’écris se double de références de choix dont on mesure l’impact. D’une part, le site  d’un courageux anonyme dont j’ai eu à plusieurs reprises les honneurs, d’autre part et surtout l’ ouvrage contre l’auteure et l’éditrice duquel,  avec cinq autres personnes, j’ai porté plainte pour diffamation.

Le jugement rendu a relevé que Cécile VAISSIE et son éditrice étaient inculpées d’au moins l’un des nombreux chefs d’accusation qui ont été portés contre elles. Les deux ont fait appel du jugement tout comme cinq des six plaignants que nous étions. Le procès se déroulera en mai prochain à la Cour d’Appel de Paris.

Autant, lorsque je considère déformée la réalité de faits par nos journalistes j’y réagis, autant j’estime que laisser passer ces considérations aussi dénuées de bon sens que dégradantes revient à cautionner une évidente malhonnêteté intellectuelle. Car j’ai eu beau répéter je ne sais combien de fois que je n’étais ni militante ni politicienne, qu’à cela ne tienne, on se gargarise de termes abusifs plutôt que de comprendre le sens d’une démarche.

Qu’on apprécie ou pas la politique russe est une chose. Qu’on invective qui dit aimer la Russie et rejeter sa diabolisation, une autre qui paraît impossible à faire passer. Combien de fois n’ai-je dit que rien n’était parfait en Russie mais loin du tableau qu’on en dressait? Mais non, rien n’y fait, je serais une femme inféodée aux milieux d’extrême droite, je serais animée de  » haine »  envers un homme au courage exemplaire, Alexeï Navalny pour ne pas le nommer que je couvrirais de  » boue » quand mon « coup de maître » serait d’avoir remis en cause son empoisonnement et j’en passe et des meilleures sur ce que j’aurais écrit de cet homme dont, pour rappel, voici ce qu’il en est.

Bien sûr que tout cela ne vaudrait pas même qu’on s’y arrête. Pourtant si, car ce genre de considérations agressives -et je pèse mes mots- ne sont de loin pas les premières que je reçois en partage. Au plus fort de la guerre dans le Donbass, alors que je manifestais mon soutien à sa population, j’ai eu droit à des courriels chargés de haine de la part d’un défenseur de la cause ukrainienne.

J’ai également eu à lire les très viles considérations de la part d’un journaliste de France2 par messagerie privée sur Twitter.

Voilà ce qui est réservé à la parole prise sans la moindre revendication politique mais qui ne vise qu’à refuser de voir salis un pays, son peuple, son Histoire, et sa culture. Car c’est à cela que je m’en prends, à ce qui déforme, à ce qui discrédite, à ce qui nuit de manière gratuite.  Or en retour, plutôt que d’arguments qui inviteraient au débat, ce sont les invectives et les insultes qui sont privilégiées.

Il est devenu presque impossible de parler de la Russie sans que cela ne déclenche de réactions clivées tant nos médias et leurs invité(e)s, spécialistes, expert(e)s sélectionné(e)s ont réussi à faire de ce pays celui « de Poutine ». Animé(e)s d’une rare détermination à convaincre qu’elle ne se résume plus qu’à lui, les émissaires de la bonne parole partent en croisade contre tout ce qui s’opposerait à elle.

Eh bien non, je refuse de me joindre à cette cohorte savante et je vous remercie, vous toutes et tous qui savez lire ce qui est publié ici.

Voix

Navalny-Mandela aujourd’hui, Pussy Riot-Tolstoï, autrefois

Revenons à Navalny-Mandela, tant la convocation du second pour parler du premier a suscité de réactions pour qui connaît un peu la Russie et même celle que tant de journalistes aiment à attribuer à son président actuel comme pour  bien insister sur le fait que la Russie en tant que telle n’a vraiment rien à voir avec celle « de Poutine ».

Revenons donc à Nelson Navalny, pardon, voilà que, comme ce chroniqueur du Matin-Dimanche, je me trompe de prénom pour nommer le célèbre blogueur russe, Alexeï Navalny.  Revenons donc à cette évocation de la grande figure historique que fut Nelson Mandela dont le présentateur de l’émission de la RTS « Géopolitis » diffusée ce 21 février et relayée par TV5Monde a estimé qu’elle était de circonstance.

Non seulement elle ne l’est pas mais elle révèle la même aptitude à se fourvoyer dont a fait preuve le confrère de ce journaliste dans son éditorial du Temps, il y a plus de huit ans, lorsqu’il avait réussi l’exploit de mentionner Tolstoï en référence dans l’article qu’il consacrait au verdict du procès des Pussy Riot.

Et de s’en expliquer ainsi: « On a pu lire dans la presse libérale russe que l’Eglise s’apprêtait à commettre «sa plus grande erreur depuis 1901», lorsque Tolstoï avait été excommunié. » Parce que la « performance » des punkettes est présentée comme voulant « dénoncer la trop grande proximité entre Eglise et Etat en Russie ». De là à comparer la profondeur de l’oeuvre du grand écrivain aux prestations artistiques si elles en sont du groupe punk, il n’y aurait qu’un pas à franchir?

Pour rappel sur la stature des Pussy Riot et celle de Tolstoï, il suffit de se remémorer le groupe punk en pleine activité sexuelle collective dans la salle d’un Musée de Moscou. Partie fine si elle en est, on l’appelle aussi, en termes moins châtiés, partouze. A cet égard, j’avais, en son temps cité ici une interview du Président russe sur le sujet. Cela dit, lorsque j’avais été invitée à m’exprimer sur ce groupe à la RTS, j’avais été informée qu’il s’agissait là de « performances » esthétiques…

Des goûts et des couleurs, comme dit le proverbe…A l’évidence, je n’ai donc pas été capable de saisir la dimension artistique de ce groupe si, en revanche, la grandeur de l’oeuvre de Léon Tolstoï ne m’a, elle,  pas échappé. Autres temps, autres moeurs? Non, regrettable mélange de genres et dérive médiatique. Suissesse et Française d’origine, je suis profondément attachée aux valeurs de mes pays. Je constate, néanmoins, que celles qui président au choix des informations diffusées au grand public sont de plus en plus difficiles à défendre.

Car je ne vois plus « d’information » dans ce que livrent leurs grands médias quand ils ne cessent de réduire la Russie à celle « de Poutine », lui-même ramené aux éternels et mêmes poncifs sauf à les voir désormais remplacés par des portraits qui ne l’assimilent plus seulement à ceux de « dictateur » mais de « tyran ». Reprise à plus soif et en boucle, ce qui ose se prétendre « information » ne reflète que carence évidente de curiosité intellectuelle qui inviterait, elle, à de plus subtiles et fines observations et à moins de jugements aussi expéditifs que ceux qui sont rendus par autant de Procureurs auto-institués.

Et s’il fallait discerner une once de culture dans ces renvois à autant de grandes figures historiques pour traiter du sort d’un blogueur ou de punkettes aux prises avec la justice de leur pays, non, Messieurs Schaller et Perrin, ni Navalny ni les Pussy Riot n’ont la grandeur que vous souhaiteriez leur prêter. En citant, à la défense de leur cause, Nelson Mandela pour le premier, Léon Tolstoï pour les secondes, vous ne révélez que les intérêt d’une propagande que vos contributions répandent au mépris des règles de déontologie qu’exige votre profession.

Voix

Un « j’accuse » plus que jamais d’actualité

Le 24 avril 2014, sur ce blog autrefois hébergé par la Tribune de Genève comme vous le savez, je publiais ce sujet que j’intitulais, en reprenant entre guillemets les termes célèbres d’Emile Zola, « J’accuse ». Ce 20 février 2021, un peu moins de sept ans plus tard, pourquoi « accuser »?

Parce que, vous l’aurez constaté, depuis qu’a débuté le feuilleton Navalny, nos médias enchaînent les récits les plus fantaisistes qui soient au nom de « l’information ». En dépit de nombreuses réactions publiées ici et adressées par politesse aux médias cités sur ce blog, je me suis, sans illusion, heurtée au silence.

Ces organes de soi-disante « information » fonctionnent en toute quiétude, sans avoir à se soucier le moins du monde des mensonges qu’ils diffusent. Mensonges mais aussi lourdes erreurs dans leur manière de rendre compte de réalités.

On a vu ce journaliste ne pas même savoir quel était le prénom de Navalny quand, pour en parler, il a eu besoin de ranger le Président russe dans la lignée des pires tyrans de l’Histoire.

On a vu d’autres sommets atteints de mièvrerie mais aussi de rare inculture comme celui de convoquer la figure de Nelson Mandela pour parler d’Alexeï Navalny emprisonné.

Face à autant de manières de tromper et d’abuser un public qui ose encore faire confiance à ce qu’il lit, écoute ou regarde comme média, que faire? Car les rédactions de ces organes dits « d’information » sont si aveuglées par leur haine viscérale de « la Russie de Poutine » que rien ne les arrête plus.

Telles des rouleaux compresseurs, elles fauchent tout sur leur passage.

La Russie n’est pas le paradis sur Terre. Des tensions sociales y sont présentes et des mécontentements s’expriment. Mais que l’on en parle une bonne fois pour toutes de manière autre qu’à travers le prisme d’un blogueur dont il a été clairement énoncé, ici, ce qu’il en est!

Mais non, nos journalistes martèlent. Il a été empoisonné au Novitchok, il a dénoncé le « Palais de Poutine », il est son « Principal opposant », il lutte contre la corruption, un comble alors qu’il est précisément visé à cet égard dans le cadre du procès qui l’oppose à Yves Rocher.

Mais nous n’en sommes sans doute qu’au début de cette saga tant il paraît impossible de modifier sa narrative si bien huilée qu’on la retrouve débitée par la plus grande majorité des médias dits mainstream.

Sil existe des personnes au fait de la situation, il en reste, hélas encore beaucoup qui ne sont pas en mesure de discerner le vrai du faux de ce qu’on leur raconte. Obligées d’avaler une propagande qui n’a rien à envier à celle d’autant de pays dont cette valeureuse RTS ne manque jamais une occasion de fustiger la politique et, bien sûr, la qualité de l’information dont elle s’attribue peut-être le privilège?

Que d’arrogance, que de suffisance et de mépris de la part de journalistes qui ignorent tant de ces pays au sujet desquels ils s’expriment! Les lire, les entendre ou les regarder dévider leur inculture inciterait à les plaindre s’ils n’étaient assurés d’un public pour recueillir leurs propos si souvent empreints de mauvaise foi ou de paresse intellectuelle ou des deux!

Voix

Fut un temps, pas si lointain, où l’Europe savait dire non aux USA

Nous vivrions donc, nous autres Occidentaux, en pays « libres » et « démocratiques », à l’inverse des Russes, par exemple,  dont les journalistes de nos médias s’étrangleraient presque à nous rappeler combien ils subissent le joug de lois liberticides.

Vous l’aurez relevé, difficile de faire l’impasse d’autant d’articles, d’émissions et de débats menés autour de celui qui mobilise l’attention de nos compatriotes soucieux de droits humains, je veux parler ici d’Alexeï Navalny.

A cet égard, il est plutôt piquant de noter qu’un journaliste reconnu ne semble pas même savoir que cet homme s’appelle Alexeï et non pas Alexandre. Mais peut-être pense-t-il que ces deux prénoms se valent? A moins qu’il ne soit si pressé d’ « informer » son public qu’il considère sans importance de s’informer lui-même?

Qu’à cela ne tienne, Monsieur PASSER dont la chronique du Matin Dimanche de ce 7 février dernier figure en illustration ci-dessous, a tout loisir d’y apporter le rectificatif qui s’impose pour nommer celui dont le sort le préoccupe tant de son véritable prénom!

A trois reprises, il l’appelle Alexandre, pas qu’une seule fois, ce qui aurait pu être considéré comme une coquille mais non, il persévère, sûr de son fait…

Pareil laxisme, doublé de désinvolture, signe l’arrogance d’un journalisme qui n’a plus à se soucier d’éthique. Mieux, à s’auto-convaincre que la sienne est à même d’entraîner à sa suite une opinion publique qui hésiterait encore sur « la Russie de Poutine »…décidément infréquentable.

Il fut un temps, pourtant, où la soumission au diktat états-uniens n’allait pas de soi!

J’en veux pour preuve ce qui a été rappelé dans l’article que j’ai cité ici-même et que je vous invite à lire ou à relire. Il y est fait mention des tensions qui avaient déjà eu lieu autour d’un gazoduc. C’était en 1982 et là, on ne s’était pas couché face aux Etats-Unis.

Lisez seulement ce qui figure indiqué en lien ici et vous constaterez vous-même ce qu’il en fut si vous l’aviez oublié.